20/12/2006

Jamel Kermoud : une lumière pour aller toujours plus loin

Quartier des Deux Lions à Belleu. Derrière la porte d’immeuble, un couloir sombre comme dans un sous-sol, puis un escalier mal éclairé qui fait penser à une usine abandonnée. Jamel Kermoud montre le chemin, et ouvre une porte d’appartement. Une splendeur, l’intérieur marocain, ses banquettes bleu turquoise et or contre les murs, ses rideaux drapés.
Jamel, fils aîné né en 1987, y habite avec ses quatre frères, sa sœur et ses parents, arrivés du Maroc dans les années 70.
Fils d’immigrés, c’est au collège que Jamel a la révélation de son héritage, lorsqu’un club y monte une exposition sur le pays. « J’ai découvert mes racines » dit-il, encore étonné en le rappelant. Il rejoint le club, puis adhère à l’Adefram, fondée en 2000 pour développer les échanges franco-marocains, et plus largement la rencontre des cultures et des spiritualités. L’impulsion vient de Robert Foreau-Fénier, professeur retraité, rentré à son Belleu natal après une carrière parisienne.
Jamel est d’une grande courtoisie, et si peu imbu de ses qualités que seules des questions directes révèlent sa mention au bac, sa bonne réputation scolaire, la fierté de ses parents.
Il parle souvent de son mentor « Robert » qui, ayant vite reconnu son potentiel, lui a suggéré de passer le concours d’entrée de Sciences Po en septembre dernier,  non pas par le biais des quotas pour jeunes de milieu défavorisé, mais en frappant à la grande porte. « Je n’ai pas vu beaucoup d’enfants d’immigrés au concours. » La porte ne s’est pas ouverte, mais, déjà content d’en être arrivé là, il entend frapper à nouveau dans deux ans, muni du diplôme universitaire pour lequel il est inscrit à Laon. « Ce qui m’intéresse ce sont les relations internationales. » Jamel attribue une valeur suprême aux échanges entre les personnes. « Je m’entends très bien avec une famille ici qui a voté Le Pen. Chacun ses idées. » Succédera-t-il un jour à Robert Foreau comme président de l’Adefram ?
Comment définir l’appartenance d’un enfant d’immigrés ? « Je suis français, heureux de l’être, et mon sang est marocain. » Il apprécie le cadre de vie de ses parents – « ils sont nés au Maroc » - mais ne se voit pas maintenir toutes les traditions. Il est pratiquant. « Pour la prière, nous rattrapons le soir à la maison. » Et la communauté marocaine de Belleu ? « On ne nous écoute pas beaucoup. » Des initiatives ont trouvé peu d’écho auprès de la municipalité. Mais la solution pour Jamel est toujours de promouvoir les bonnes relations, jamais la confrontation violente.
Son avenir ? Il sourit. « J’aimerais être, pourquoi pas, ambassadeur de France au Maroc. » Il s’agirait, à l’entendre, moins d’ambition que d’inspiration, une lumière éblouissante qu’il pourra suivre pour aller toujours plus loin.
L’Union

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