19/04/2006

Le jazz de David Linx : une soirée lyrique

Dans leur loge après le concert, David Linx entre les chanteuses Fay Claessens et Maria Pia de Vito avec (de g. à dr.) Diederik Wissels, Stéphane Huchard et Christophe Wallemme.





« Il y a ceux qui vont vers le public, et ceux qui font ce qu’ils ressentent, et tant mieux si le public vient à eux. Moi, je suis de cette seconde catégorie. » David Linx est loin d’ignorer royalement son auditoire ; seulement il évite ces gestes et sons formatés avec lesquels des chanteurs genre Star Academy cajolent leur auditoire. Les trois instrumentistes, Diederik Wissels au piano, Christophe Wallemme  au contrebasse et Stéphane Huchard le batteur, et les trois vocalistes Linx, Fay Claasens et Maria Pia de Vito, se retrouvant au centre culturel après un bon laps de temps, veulent seulement faire plaisir en se faisant plaisir. De toute façon les amateurs de jazz n’ont guère besoin d’être conquis : ils sont acquis d’avance à l’idée de partager le plaisir. Une soprano à l’Opéra, menacée de huées si elle rate un seul contre-ut, doit envier une telle complicité entre scène et salle.
    A quelques exceptions près – notamment un air de Nougaro et « Ev’ry time we say goodbye » de Cole Porter –le répertoire est de Linx et Wissels, qui a notamment composé la mélodie qui donne son titre au concert : « Three voices, one heart ». C’est le lyrisme, qu’il soit joyeux ou mélancolique, qui caractérise toutes leurs chansons.
    Les musiciens sont en majorité Belges et Néerlandais. Le seul Français, Stéphane Huchard, avait un ancien élève dans la salle, devenu lui-même professeur de batterie au Conservatoire. Est-ce pour contourner les conflits linguistiques de la Belgique, pays dont David Linx est originaire, que presque tout est chanté en anglais – quand les trois voix ne s’abandonnent pas aux délices des bribes et des onomatopées du « scat » ? Seule Maria Pia de Vito fait exception dans ses solos, déroutant ceux qui croyaient pouvoir suivre à peu près l’italien, en utilisant son dialecte napolitain, aux sons bien plus arrondis.
    A un concert de musique classique, les auditeurs avertis peuvent suivre la partition pendant qu’elle se joue. Avec son recours à l’improvisation, le jazz propose par définition l’inattendu , au gré de l’inspiration de chacun. Parfois les chanteurs, un micro dans la main droite, utilisaient la main gauche pour accompagner en gestes leur improvisation, traduisant en une sorte de langage des signes ce qu’ils chantaient.
    David Linx a annoncé que le groupe dédie « Land of joy » à la ville dans laquelle chaque concert est joué. Ce qui fait que le temps d’une chanson – et même d’une soirée pour ce public complice – Soissons est devenu le pays de la joie.
L'Union

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