Paradoxalement, la musique de l’Irlande se regarde, alors que sa danse s’écoute. Les cinq musiciens de « Celtic legends » occupent le fond de la scène du centre culturel, et dansent de tout leur corps : les doigts qui courent sur les instruments, les bras qui se lèvent pour saluer les danseurs, la tête qui se dandine. Ils ont parfois du mal à empêcher leurs jambes de rejoindre la danse devant eux.
Quant aux six danseuses et deux danseurs, recrutés en Irlande pour cette production française, leurs pieds chaussés de claquettes cognent, martèlent, trépignent, tambourinent, frappent, le bruit grossi par des micros collés sur les planches de la scène. Tout est dans les jambes, alors que le torse a l’air de regarder d’en haut, un peu déconcerté d’appartenir au même corps que ces membres inférieurs qui s’agitent presque jusqu’à la désarticulation.
Ce qui caractérise l’ensemble, musique et danse, est sa précipitation. Par le rythme furieux, il semble tenter de faire perdre pied aux spectateurs dans la salle. Ils doivent s’accrocher, comme s’ils montaient à cru, sur un cheval qui s’emballe sans autre but que de galoper, semer tout le monde, se retrouver dans la vitesse pure.
La danse a toujours été une passion populaire en Irlande. « Danser, c’est comme se battre » dit-on. Tout est conçu pour époustoufler son monde. Loin de s’effacer devant leur art, les artistes exhibent leur brio, leur adresse. C’est vrai surtout quand les deux hommes de la troupe, dont Ger Hayes, chorégraphe du spectacle, dansent tour à tour. C’est à qui accumulera le plus grand nombre de pas à la minute, à qui sautera le plus loin, comme deux oiseaux mâles qui chercheraient à séduire par la force et la beauté avec lesquelles ils se pavanent. Chacun danse, puis fait place à l’autre, avec un sourire qui dit « Vas-y, épate-moi, et après je te montrerai comment épater ! » En septembre dernier, dans la même salle, le spectacle « Shaylyn » racontait l’histoire de la danse irlandaise, une élégie sur sa lente mort sous la pression et l’oppression de la culture anglaise occupante. « Celtic legends » rappelle que les traditions sont encore vigoureuses. La danse y devient un divertissement international, habillé en lamé d’argent et d’or, loin de la pureté de ses racines rurales (comme il est loin du monde des légendes). Mais par son énergie débordante et ses inventions, il affirme la vigueur d’une culture celte qui reflète trop bien l’identité, l’âme et la personnalité de son pays pour mourir encore.
L’Union
Quant aux six danseuses et deux danseurs, recrutés en Irlande pour cette production française, leurs pieds chaussés de claquettes cognent, martèlent, trépignent, tambourinent, frappent, le bruit grossi par des micros collés sur les planches de la scène. Tout est dans les jambes, alors que le torse a l’air de regarder d’en haut, un peu déconcerté d’appartenir au même corps que ces membres inférieurs qui s’agitent presque jusqu’à la désarticulation.
Ce qui caractérise l’ensemble, musique et danse, est sa précipitation. Par le rythme furieux, il semble tenter de faire perdre pied aux spectateurs dans la salle. Ils doivent s’accrocher, comme s’ils montaient à cru, sur un cheval qui s’emballe sans autre but que de galoper, semer tout le monde, se retrouver dans la vitesse pure.
La danse a toujours été une passion populaire en Irlande. « Danser, c’est comme se battre » dit-on. Tout est conçu pour époustoufler son monde. Loin de s’effacer devant leur art, les artistes exhibent leur brio, leur adresse. C’est vrai surtout quand les deux hommes de la troupe, dont Ger Hayes, chorégraphe du spectacle, dansent tour à tour. C’est à qui accumulera le plus grand nombre de pas à la minute, à qui sautera le plus loin, comme deux oiseaux mâles qui chercheraient à séduire par la force et la beauté avec lesquelles ils se pavanent. Chacun danse, puis fait place à l’autre, avec un sourire qui dit « Vas-y, épate-moi, et après je te montrerai comment épater ! » En septembre dernier, dans la même salle, le spectacle « Shaylyn » racontait l’histoire de la danse irlandaise, une élégie sur sa lente mort sous la pression et l’oppression de la culture anglaise occupante. « Celtic legends » rappelle que les traditions sont encore vigoureuses. La danse y devient un divertissement international, habillé en lamé d’argent et d’or, loin de la pureté de ses racines rurales (comme il est loin du monde des légendes). Mais par son énergie débordante et ses inventions, il affirme la vigueur d’une culture celte qui reflète trop bien l’identité, l’âme et la personnalité de son pays pour mourir encore.
L’Union
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