19/05/2006

Dupin aux Arquebusiers : la beauté fragile du Soissonnais

Le maître des pinceaux Claude Dupin (à gauche) avec les maître des mots Claude Lapp.

La salle des Arquebusiers a abrité pour deux jours les aquarelles peintes par Claude Dupin pour illustrer le livre « Mon Soissonnais », une initiative de la Communauté d’Agglomération. Il a peint un tableau, ou deux plus petits, pour chacune des vingt-huit communes, qui les recevront après l’exposition. Claude Lapp, rendu aux lettres par sa retraite du lycée Gérard de Nerval, a écrit les textes du livre, en partant des confins du pays soissonnais pour arriver au détail du cœur de ses villages.
    L’art de l’aquarelle a en commun avec l’art du vitrail de faire usage de la transparence. Le verre laisse transparaître la lumière du jour, alors que la lumière blanche du support papier n’est que voilée par la couleur qui, si sombre que soit son ton, ne devient jamais opaque.
    La tendance des espaces de couleur à se fondre les unes dans les autres peut rendre l’ensemble presque mou, un effet brumeux qu’évite Claude Dupin en délimitant avec clarté les différents éléments. « J’applique la couleur, puis je lave mon pinceau et, avant que la couleur ne soit sèche, je mets une goutte d’eau au milieu. Elle chasse la couleur, qui forme un cerne à la périphérie. Nous aquarellistes, nous sommes tous un peu alchimistes. Nous avons nos trucs. » Les feuillages de ses arbres, au lieu de se dissoudre,  terminent ainsi en éclats de verdure qui se détachent sur le fond.
    Claude Dupin est sorti des Beaux Arts dessinateur. « Mais je voulais trouver une technique plus rapide. Pour un dessin, l’inspiration se trouve dans le premier croquis, et le dessin lui-même n’est plus qu’une représentation. Pour l’aquarelle, je suis autodidacte. »
    Ses œuvres cherchent moins à questionner le monde qu’à en représenter la beauté fragile, les murs en pierre toujours en danger de démolition, les bois qu’une tronçonneuse débarrasserait de leurs arbres en trois heures. Les jolis villages du Soissonnais connaissent la fin d’une époque où ils servaient à des communautés attachées à la terre, pour devenir le décor d’un mode de vie plus individualiste. Les clôtures qui s’érigent, les interphones aux portes de jardin en portent témoignage. Cette beauté qui soutenait les anciens et qui attire les nouveaux s’accorde bien avec une technique qui, au lieu de la fixer, admet sa nature passagère, l’impermanence qui relie le présent au passé.
L’Union

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