23/05/2006

Epouvante et émerveillement paternels

Qu’est ce qui a donné à Philippe Aufort, auteur, marionnettiste, l’idée de son spectacle « De l’intérieur » ? « Des rêves que j’ai faits pendant la grossesse de ma femme » explique-t-il. Il utilise des marionnettes de tissu, peu naturalistes, pour raconter le désir et la peur de devenir père. L’homme de cette histoire fait le nécessaire, puis se trouve corporellement exclus de toute la suite, pendant que le ventre de sa femme grossit jusqu’à envahir toute la place.
    Le futur père, épouvanté, émerveillé, cherche une réponse à ses questionnements, ses angoisses, ses désirs. Il accroche un dessin d’embryon sur son ventre. Il fréquente un médecin bizarre, en tant qu’homme enceint. Il rend visite au ventre de sa femme, au risque d’y être englouti corps et âme, pour parler avec son fils. Il le fourre sous ses propres vêtements, mais doit admettre qu’un fœtus ne peut pas se passer du ventre maternel. Après la naissance, père et fils s’asseyent ensemble sur le ventre vide pour faire plus ample connaissance, alors que la mère lève la tête pour dire les derniers mots de la pièce : « Et moi ? Et moi ? »
    Le texte est d’une grande tenue, clair-obscur, presque autiste dans sa détermination à rendre cohérents des phantasmes, des sentiments et des comportements qui dérèglent toute approche logique. Il a dû y avoir peu d’hommes dans la salle, de tout âge, à ne pas se trouver délicats devant des aspects physiques de la grossesse et de l’accouchement, comme il a dû y avoir peu de femmes, de tout âge, à ne pas penser « Ah les hommes ! »
L'Union

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