21/06/2006

Logan s'engage sans raisonner

                      Logan avec Jean-Luc Mercier, photo Marie-Claude Lebret
Logan naît le 21 mars 1995, dans un élevage normand de Golden Retrievers. A deux mois, il est choisi par l'Anecah (aujourd'hui Handichiens) pour devenir chien d'assistance à une personne handicapée, et confié à la famille Bertrand, dont c'est la première expérience d'accueil.
    Pendant plus d'un an, elle apprend à Logan l'obéissance et la bonne conduite. Il est socialisé, s'habitue aux bruits et mouvements brusques, apprend une trentaine de commandes. Une vie de travail se prépare.
    Comme un lycéen qui va en fac, Logan quitte sa famille d'accueil pour un centre d'éducation spécialisée où il apprend des commandes spécifiques : ouvrir une porte, ramasser des objets, allumer la lumière. En juin 1997, Marie-Claude Lebret, responsable de l'association à Alençon, l'amène à Soissons. Pendant deux semaines, onze stagiaires et seize chiens s'essaient. Les handicapés disent leur préférence mais, pour Martine Poitevin, responsable soissonnaise, « en fait, c'est le chien qui choisit ». Logan choisit donc Jean-Luc Mercier, qui souffre depuis sa jeunesse d'une ataxie de Friedreich, une maladie provoquant une décoordination musculaire progressive.
    A 34 ans, son exigence d'autonomie fait qu'il habite seul une maison du hameau de Villeblain où il est né. Se mettre au lit, même si cela lui prend plus d'une heure, est sa preuve quotidienne qu'il ne vit pas dans la dépendance. Entouré mais souvent seul, il trouve avec Logan enfin, la continuité, plus importante que l'aide pratique. Aucun visiteur ne doit caresser ni distraire ce chien comme un toutou à gâter. Avide de communication, Jean-Luc fait partie de la vie de bien des gens, mais c'est Logan qui à chaque instant se réjouit de son existence.
    La maladie s'empirant, Jean-Luc n'évite pas la dépendance mais, envers et contre tout, reste chez lui. Avec Logan, la hiérarchie est claire : Logan dépend de son maître, non pas Jean-Luc de son chien. Sa fierté d'homme n'est pas entamée.
    En 2003, Jean-Luc fait plusieurs séjours à l'hôpital. Logan
l'attend chez eux, nourri et promené par des voisins. L'hôpital, hélas, ne lui offre qu'un vide mortel comme projet de vie, et Jean-Luc perd enfin espoir. Marie-Claude Lebret lui amène Logan.
    « L'émotion, pour toutes les personnes présentes, était très très très forte. » C'est leur dernière rencontre avant la mort de Jean-Luc.
    Au lieu de prendre sa retraite, Logan se reconvertit en chien d'accompagnement social à la résidence Saint-Léger. Les personnes âgées, parfois désorientées, trouvent avec lui une relation simple et rassurante. Lui y fait le plein de caresses et de gâteries.
    Son engagement n'a pas été raisonné. Il a seulement suivi ses instincts de chien, mais encadrés et concentrés. Son chemin est celui de sa nature. Il ignore même qu'au lieu d'être une distraction, il a été indispensable.
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.