03/01/2007

Lucette Marchand dans la grande tradition laïque

Dans leur ancienne maison surplombant la rue de Villers-Cotterêts, Lucette Marchand et son mari Guy gardaient les stocks d’articles Unicef au sous-sol. Dans la nouvelle, qui est de plain- pied avec la rue, c’est le garage qui sert d’entrepôt.
 « Après trois mois de retraite » dit Lucette « je me suis rendu compte que je ne voyais plus grand monde. » Elle accède à la demande d’une collègue et devient bénévole pour s’occuper de la vente de produits Unicef avant les fêtes.
Cette agence de l’ONU, fondée en 1946 pour venir en aide aux enfants appauvris et déplacés d’Europe après la guerre, concentre maintenant ses efforts sur l’Afrique et l’Asie, pour promouvoir la scolarisation, la santé et le bien-être des enfants.
Pourquoi cet engagement-là ? Lucette a l’air de ne s’être jamais posé la question. « C’est naturel. Nous nous sommes toujours occupés d’enfants. » Anciens instituteurs tous les deux, Lucette et Guy fondent leur action, non pas sur des croyances religieuses, mais sur les valeurs de la grande tradition laïque.
Il s’agit ici du chemin parcouru par Lucette, mais son mari se trouve si constamment sur ce chemin qu’il fait nécessairement partie du portrait. « Quand les gens ne nous voient pas ensemble, c’est que quelque chose ne va pas. »
Lucette, née et élevée à Soissons, part à seize ans à l’Ecole normale de Laon pour devenir institutrice. Guy, normalien aussi, la connaît de loin, « une grande, une déesse ». Mais plus tard elle se trouve en poste à Tergnier, sa ville à lui. « Tergnier est une cité ouvrière » selon Guy « et on y aime la fête » C’est donc à un bal costumé que Lucette, derrière son loup, lie connaissance avec lui, venu nonchalamment en civil. Ils se marient en 1955, et prennent des « postes doubles », Lucette s’occupant des petits, Guy des grands. En 1969 Lucette devient directrice de l’Ecole du Centre à Soissons (où, coïncidence, elle avait fait les trois premiers mois de sa propre scolarité). Guy, touché par une expérience avec un enfant en difficulté, reprend ses études pour s’occuper d’enfants inadaptés.
En dehors des cours, Lucette fait partie de l’AGIEM, une association organisant des conférences et activités pour les institutrices de maternelle. Elle prend sa retraite en 1987, lui deux ans plus tard.
Tout en répondant aux questions, Lucette et Guy disent leur réticence à l’idée d’un projecteur dirigé sur leur engagement. Ils préfèrent travailler dans l’ombre, sans se mettre sur le devant de la scène. Ils racontent plus volontiers leurs deux fils, et leurs familles résistantes : le grand-père de Lucette déporté, le père de Guy, recherché par les Allemands et mort aussi pendant la guerre.
Sociables, énergiques, ils montrent que  l’engagement pour les autres fait simplement partie d’une vie épanouie.
L’Union

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