25/04/2007

Richard Kasprzyk, garde-champêtre dans l’âme


Les animaux, comme les humains, sont collés à la terre. Même en sautant ils ne s’en éloignent qu’un instant. Mais au-dessus des têtes, les oiseaux semblent se jouer de la gravité. Le ciel est leur élément et, devant le bruit de fond de la campagne, leur chant en fait les solistes de la nature.
Richard Kasprzyk, membre de la Ligue pour la Protection de Oiseaux pour l’Aisne, y voit autre chose : « Un oiseau qui chante est un oiseau territorial, qui veut se reproduire. » L’observation permet alors de localiser et de comptabiliser les populations, ce qui est essentiel à leur protection, impérative à une époque d’échauffement climatique et d’agriculture intensive. Deux fois par an Richard se place au même endroit, sous les mêmes conditions, et écoute. D’après les chants, et le rayon d’écoute, il fait une partie du recensement national.
Richard naît à Acy le Haut, dans la même chambre où sa grand-mère avait accouché de sa mère, avec la même sage-femme  – cela s’appelle la continuité locale et familiale ! Avec sa compagne et leurs deux enfants Léo et Zoé, il vit toujours à Acy, mais en bas.
Ce village double contient la campagne dans son sein, et pousse à l’amour de la nature. Une institutrice « dont on avait peur » est remplacée par Marcel Salaün, progressiste connu, et les élèves sont souvent dans les bois. Richard se souvient aussi du garde-champêtre. « C’est beau ce nom ; j’aurais dû être garde-champêtre. »
Après le lycée, il part à Reims pour ses études, puis travaille comme chimiste pendant vingt ans. Le manège habituel de prises d’intérêt et de fusions fait que son entreprise le remercie en  2005. Il s’en sort en devenant élève infirmier à l’IFSI de Soissons, où il rédige actuellement son mémoire de fin d’études.
A trente ans il adhère au Fonds d’intervention des rapaces, et 1999 aide à former le groupe axonais de la LPO. Il s’y occupe des manifestations et expositions.
La finalité de la Ligue, en sauvant les espèces de la destruction, est de réconcilier les hommes et leur nature. Les chasseurs ? « Ils ne devraient pas chasser pendant la reproduction, ni tuer les oiseaux migrateurs – qui ne sont pas français. » Tirerait-on sur les touristes en route pour la Méditerranée ?
Cet homme qui sauve des oiseaux blessés (tout un réseau existe à travers l’Aisne) a aussi pratiqué les arts martiaux – et s’en est servi dans une bagarre. « Le conseil est d’abord de courir, mais j’ai été pris à partie. » Ses agresseurs surpris se sont trouvés par terre sur le dos. Le sourire de Richard en racontant cela reste discret.
Il revient sur son enfance dans la nature. Plutôt que de la nostalgie, toujours teintée d’amertume, il en a un souvenir radieux. En parlant de sa vie avec cet homme solide, rugueux même, il faut s’imaginer qu’un petit oiseau pourrait se poser en toute confiance sur sa tête.
L’Union

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