Les animaux,
comme les humains, sont collés à la terre. Même en sautant ils ne s’en
éloignent qu’un instant. Mais au-dessus des têtes, les oiseaux semblent se
jouer de la gravité. Le ciel est leur élément et, devant le bruit de fond de la
campagne, leur chant en fait les solistes de la nature.
Richard
Kasprzyk, membre de la Ligue pour la Protection de Oiseaux pour l’Aisne, y voit
autre chose : « Un oiseau qui chante est un oiseau territorial, qui
veut se reproduire. » L’observation permet alors de localiser et de
comptabiliser les populations, ce qui est essentiel à leur protection,
impérative à une époque d’échauffement climatique et d’agriculture intensive.
Deux fois par an Richard se place au même endroit, sous les mêmes conditions,
et écoute. D’après les chants, et le rayon d’écoute, il fait une partie du
recensement national.
Richard naît
à Acy le Haut, dans la même chambre où sa grand-mère avait accouché de sa mère,
avec la même sage-femme – cela s’appelle
la continuité locale et familiale ! Avec sa compagne et leurs deux enfants
Léo et Zoé, il vit toujours à Acy, mais en bas.
Ce village
double contient la campagne dans son sein, et pousse à l’amour de la nature. Une
institutrice « dont on avait peur » est remplacée par Marcel
Salaün, progressiste connu, et les élèves sont souvent dans les bois. Richard se
souvient aussi du garde-champêtre. « C’est beau ce nom ; j’aurais
dû être garde-champêtre. »
Après le
lycée, il part à Reims pour ses études, puis travaille comme chimiste pendant
vingt ans. Le manège habituel de prises d’intérêt et de fusions fait que son
entreprise le remercie en 2005. Il s’en
sort en devenant élève infirmier à l’IFSI de Soissons, où il rédige actuellement
son mémoire de fin d’études.
A trente ans
il adhère au Fonds d’intervention des rapaces, et 1999 aide à former le groupe
axonais de la LPO. Il s’y occupe des manifestations et expositions.
La finalité
de la Ligue, en sauvant les espèces de la destruction, est de réconcilier les
hommes et leur nature. Les chasseurs ? « Ils ne devraient pas
chasser pendant la reproduction, ni tuer les oiseaux migrateurs – qui ne sont
pas français. » Tirerait-on sur les touristes en route pour la
Méditerranée ?
Cet homme
qui sauve des oiseaux blessés (tout un réseau existe à travers l’Aisne) a aussi
pratiqué les arts martiaux – et s’en est servi dans une bagarre. « Le
conseil est d’abord de courir, mais j’ai été pris à partie. » Ses agresseurs
surpris se sont trouvés par terre sur le dos. Le sourire de Richard en
racontant cela reste discret.
Il revient
sur son enfance dans la nature. Plutôt que de la nostalgie, toujours teintée
d’amertume, il en a un souvenir radieux. En parlant de sa vie avec cet homme
solide, rugueux même, il faut s’imaginer qu’un petit oiseau pourrait se poser
en toute confiance sur sa tête.
L’Union
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