Pendant la semaine sainte,
les leçons des Ténèbres mettaient en musique les lamentations du prophète Jérémie.
Pendant l’office, des cierges étaient éteintes l’une après l’autre, symbolisant
l’abandon du Christ et laissant enfin les fidèles dans le noir.
De
grands compositeurs s’y sont essayés. A l’abbaye Saint Léger, lieu devenu
traditionnel pour terminer la saison Musée musique, l’ensemble Concert
spirituel a présenté trois des nombreuses Leçons des Ténèbres de Marc-Antoine
Charpentier. Ce sont les seules à six voix d’homme, dont deux hautes-contres, ténors
à la française qui survolent les quatre autres voix, mais en gardant un timbre
d’homme.
Ces
leçons ont alterné avec des méditations pour le Carême. « J’ai fait cet
assemblage » explique le directeur Hervé Niquet après le concert « parce
qu’on n’entend jamais ces œuvres. »
La
musique est d’une tristesse sans fond. Déprimante, alors ? Non, parce que,
alors que les réalités de Jérémie traumatiseraient, elles y sont transformées
par l’art, et émeuvent. Charpentier crée une beauté si complexe qu’un auditeur a
parfois l’impression d’entendre plusieurs morceaux joués simultanément !
Saint
Léger aurait pu être conçue pour la musique, les cinq marches courbes devant la
croisée enchâssant les musiciens. Le
soir du concert, la lumière du jour ne s’est éteinte derrière les vitres que
progressivement. A la conclusion des leçons des Ténèbres, les ténèbres de la
nuit régnaient déjà dehors.
L’Union
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