14/11/2007

Angelika la Créole de coeur


Elle est petite, blonde, née à Soissons, deux de ses enfants et leurs familles, comme sa mère, habitent Belleu, elle est à Margival avec son second mari. Et elle est secrétaire de l’Amicale créole. Créole ? Esclave né chez son maître, ou bien un noir, blanc ou métis né dans les colonies françaises, espagnoles ou portugaises, un créole c’est tout cela. Mais Angelika Sabre ? « Je suis créole de cœur. » Qu’est-ce qu’elle y trouve ? « La culture créole est festive, colorée, ouverte, tout est prétexte de fête, de danse, de musique. Je souffre d’arthrose, je vis dans la douleur, mais quand une amie guadeloupéenne m’a fait connaître l’Amicale, j’ai décidé d’apprendre à danser. C’est devenu ma vie. » Elle est même allée en Guadeloupe.
Elle montre comment « zouker », c'est-à-dire bouger le bassin. « Un coup pour moi » - en arrière - « un coup pour toi » - en avant.  Seule un Créole, de sang ou de cœur, peut faire cela avec une exubérance libre de grossièreté.
Son enfance n’a pas été facile. « Je n’ai pas connu mon père. » Adulte, elle part à sa recherche. Il est décédé, mais elle découvre sa date de naissance. « Je voulais savoir son signe astrologique. » C’est une de ses passions, un moyen d’évaluer ceux qu’elle rencontre.
Son beau-père, postier et batteur dans le célèbre orchestre Raoul Dequévy, l’élève avec son frère très handicapé, qui est décédé en février dernier.
Elle va à l’école de la Gare, puis au Lycée St Vincent de Paul. « Parce que j’étais bonne élève. Aucun mérite, je retenais tout ce que je lisais. » L’établissement est tenu à l’époque par des religieuses « avec des cornettes, et pas commodes. ». Elle adore les études, pourtant elle les quitte à quatorze ans et demi. « C’est qu’on n’avait pas les moyens. » Elle reste à la maison, aider sa mère à s’occuper de son frère. Des regrets ? « Ça m’a fait mal, mais je n’aurais été qu’une secrétaire ! Je suis autodidacte.»
Mariée à vingt ans, elle a trois enfants. Elle devient VRP pour une marque américaine de produits d’entretien. Le sujet peut paraître ennuyeux, mais Anjelika raconte avec une telle verve les réunions où elle montre comment nettoyer les cuivres qu’on imagine les acheteuses se bousculer.
Les souvenirs, les confidences et les révélations sortent à jet continu. Un numéro d’équilibriste et de bateleuse qui est pourtant entièrement authentique. Elle fournit la matière à une biographie, plutôt que pour résumer un engagement associatif. Même son prénom cache un secret. Elle est devenue Angelika « parce que je détestais mon nom ». Discrètement, elle le dit ; restons discrets.
Elle fait partie de plusieurs autres associations, mais c’est l’Amicale qui l’inspire, avec ses soirées animées, ses bals, sa cuisine, musique et costumes antillais, sa « créovialité » comme ils disent. Même son portable annonce « L’Amicale créole ».
L’Union 


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