08/12/2007

Carmen : pourvu qu’il y ait l’ivresse


Encore un spectacle au Mail se joue à guichets fermés : « Carmen », ballet flamenco d’Antonio Gadès, maintenu fidèlement par sa troupe depuis sa mort. Françoise Petit, directrice du Mail, ravie du succès de sa saison, a dû s’ingénier pour placer ce critique, sur le côté mais presque contre le plateau. Le début du ballet, long martèlement des planches par toute la troupe, n’en a été que plus électrifiant. Impossible de garder ses distances critiques.
Vus sous cet angle, le flamenco révèle l’essentiel. Pour les femmes, tout tient dans le port superbe de la tête, accentué par la coiffure en chignon. Le message est clair : « Bien sûr que je me soumettrai à un homme, mais c’est moi qui déciderai quand, comment et à qui ! » Le corps en contrepoint voile cette détermination par sa souplesse. En fait, l’erreur fatale de Carmen est de ne pas dissimuler son désir. Elle va trop loin.
Les corps d’homme s’articulent, eux, autour du bassin lequel, comme dans une corrida, s’expose au danger entre les mouvements impérieux du torse et des jambes.
Stella Arauzo, après avoir été Carmen sur scène
Par moments les chanteurs de la troupe, plutôt ventrus, viennent danser. Comme le dit après le spectacle Stella Arauzo, directrice artistique et qui danse le rôle de Carmen depuis 1988, « Grands, petits, vieux, jeunes, tous peuvent danser le flamenco ».
Evidemment, le ton péremptoire, les mines renfrognées, tout ce bruit, sont un peu ridicules. Pour saisissant qu’il soit, le martèlement des talons sur les planches fait penser à un enfant qui hurle au supermarché en tambourinant par terre. Mais c’est ce qui rend le flamenco humain, émouvant. Le jeu de la séduction n’est pas le même en France. Mais au delà comme en deçà des Pyrénées, qu’importent les règles, pourvu qu’il y ait l’ivresse d’être femme, d’être homme.
L’Union

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