18/10/2007

Adultères au Mail : ils se trompent

Apprenant l’infidélité torride de son mari, un des personnages d’« Adultères », le premier spectacle de la saison au Mail, s’exclame « Je me sens salie. Je vais prendre une douche et penser à quelque chose de propre, comme le premier chèque de ma pension alimentaire. » 
    C’est l’illustration de l’esprit de Woody Allen, cinéaste et auteur de la pièce. Les vacheries des autres alternant avec les mauvais coups du destin pour faire une vie, il choisit de tourner les souffrances en dérision. Ce n’est pas que cela aide à les assumer : seulement, les gens se pressent autour pour pouvoir rire, alors qu’ils se détourneraient d’un flot de gémissements. Aller mal au milieu des autres plutôt que dans la solitude, c’est l’option adoptée.
    « Adultères » est composé de deux des trois pièces d’un acte écrites par Allen. Chacune met en scène une femme simultanément trompée par un mari et trahie par une proche. Dans « Central Park West », elle confie sa rage contre son époux parti à une amie qui, elle s’en aperçoit, est celle pour laquelle il l’a quittée. Dans « Saybrook », une autre femme découvre un journal intime racontant les ébats de sa sœur et de son mari dentiste (« orthodontiste » crie-t-il, profession plus prestigieuse).
    Les dialogues sont acérés. Seulement, la mise en scène jette les comédiens dans une constante fébrilité incompatible avec le ton narquois de Woody Allen. Dans son monde les hommes, devant leur impuissance à gérer leurs fragilités, ne s’agitent jamais longtemps.
    Les avis du public en sortant de cette soirée inaugurale divergeaient. Certains étaient emportés par l’énergie des acteurs, d’autres trouvaient le spectacle trop long, plusieurs l’avaient trouvé inutilement grossier.
    Pour le prochain spectacle du Mail, il est probable que Charlotte de Turckheim aura la main plus légère pour rendra aussi sensibles les absurdités que vit l’homme sur terre.
L'Union

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