22/11/2008

Demaison : un projecteur sur la nature humaine


Comme des vaguelettes sur une plage à la marée montante, les rires ont accompagné le comique Demaison toute la soirée au Mail (rempli qu’à moitié – mais où sont les salles bondées d’antan ?). Rires discontinus, épars, mais qui ne se sont jamais arrêtés. Pas de grands éclats, mais des rires entendus, presque complices.
Demaison campe un de ses personnages.
Pour raconter la reconversion de « François », financier newyorkais comme il a été lui-même, témoin des attentats de septembre 2001 et soudain conscient de la fragilité de la vie, Demaison tire le portrait d’une série d’individus rencontrés au cours de sa quête. Il se consacrera désormais au théâtre corps et âme. Surtout corps : son comique vient moins de la parole, pourtant pléthorique, que du physique de ses sujets.
Il dessine ses portraits à gros traits, mais reste tendre pour l’intimité de chacun. C’est l’emphase, l’affectation par lesquelles une personne se fait un personnage qu’il raille. Il pointe cet élément, le rend énorme, grotesque. Un vieux boxeur sonné, à l’articulation approximative, devient un chien haletant, la langue claquant devant le menton. La grand’mère russe, ancienne danseuse (Demaison en ballerine est un régal), s’entoure d’un châle, et voilà une vieille femme courbée à l’accent disproportionné.
Que pense-t-il de cette analyse ? Dans les loges après le spectacle, Demaison est d’accord, mais ajoute « C’est chaque fois sincère, pourtant. Je prends la chose et la porte au délire, mais elle doit toujours venir d’une sincérité. » Dégager ces traits, qui révèlent la fragilité des êtres, est une façon de diriger un projecteur sur la nature humaine, et c’est, au fond, la fonction du théâtre.
L’Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.