Comme des vaguelettes sur
une plage à la marée montante, les rires ont accompagné le comique Demaison
toute la soirée au Mail (rempli qu’à moitié – mais où sont les salles bondées
d’antan ?). Rires discontinus, épars, mais qui ne se sont jamais arrêtés.
Pas de grands éclats, mais des rires entendus, presque complices.
Demaison campe un de ses personnages. |
Pour
raconter la reconversion de « François », financier newyorkais comme
il a été lui-même, témoin des attentats de septembre 2001 et soudain conscient
de la fragilité de la vie, Demaison tire le portrait d’une série d’individus
rencontrés au cours de sa quête. Il se consacrera désormais au théâtre corps et
âme. Surtout corps : son comique vient moins de la parole, pourtant
pléthorique, que du physique de ses sujets.
Il
dessine ses portraits à gros traits, mais reste tendre pour l’intimité de
chacun. C’est l’emphase, l’affectation par lesquelles une personne se fait un personnage
qu’il raille. Il pointe cet élément, le rend énorme, grotesque. Un vieux boxeur
sonné, à l’articulation approximative, devient un chien haletant, la langue claquant
devant le menton. La grand’mère russe, ancienne danseuse (Demaison en ballerine
est un régal), s’entoure d’un châle, et voilà une vieille femme courbée à
l’accent disproportionné.
Que
pense-t-il de cette analyse ? Dans les loges après le spectacle, Demaison est
d’accord, mais ajoute « C’est chaque fois sincère, pourtant. Je prends
la chose et la porte au délire, mais elle doit toujours venir d’une
sincérité. » Dégager ces traits, qui révèlent la fragilité des êtres, est
une façon de diriger un projecteur sur la nature humaine, et c’est, au fond, la
fonction du théâtre.
L’Union
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