04/02/2009

Anne-Sophie Badin, aumônière : la vie est une aventure

Anne-Sophie Badin, rencontrée dans sa maison de St Crépin, est ferme : « Il ne faut pas avoir peur d’être heureux. » Elle donne ainsi le ton à un entretien qui, s’agissant de son rôle d’aumônière à l’hôpital, pouvait tomber dans le systématiquement compassionnel. Pour elle, l’écoute et le réconfort spirituel aux patients en lutte avec la maladie requièrent une part de plénitude intérieure.
Elle est aumônière depuis un an, après la mort soudaine de son mari d’un infarctus. A nouveau, elle est catégorique : « Ce n’est pas parce que je suis veuve et que je n’ai rien de mieux à faire, comme beaucoup le pensent. »
Elle est élève infirmière au moment de cette mort. « Je vivais avec mon mari et nos quatre enfants dans une grande maison de conte de fées, et j’avais décidé de reprendre des études. Quand il est parti, j’ai voulu continuer. J’ai eu même des moments d’euphorie, à pouvoir tout gérer, les études, les enfants, la maison. » Puis la femme qui s’occupe des enfants s’en va. « Du jour au lendemain je n’avais personne pour me seconder. » Elle arrête pour un an, s’effondre même. C’est alors qu’elle est sollicitée pour devenir aumônière à l’hôpital, à la tête d’une équipe. Elle accepte. « Etre dans le deuil est un piège. Il faut en sortir. »
Née à Lille, Anne-Sophie a grandi à Cambrai. Plutôt une littéraire, elle fait langues appliquées en faculté, à Valenciennes et en Allemagne. En 1993 elle obtient un poste de professeur à Soissons pour un an, reste quatre, et rencontre son mari, collègue dans le même établissement. Avant de se marier, ils assistent à une réunion de catholiques charismatiques dans le Sud, et elle a une expérience visionnaire qui transforme et renforce sa foi. Anne-Sophie détaille son éblouissement avec autant de naturel que si elle racontait un dîner dans un restaurant.
Son rayonnement vient de sa confiance en la vie, son insouciance par rapport aux questions matérielles. La nouvelle maison est accueillante et confortable, mais elle ne s’y attachera pas.
Anne-Sophie ne nie pas la souffrance, comprend la révolte : « La mort est naturelle, pas ses circonstances. » L’aventure qu’elle vit ne crée pas un bonheur béat. Après avoir été disponible pour les autres toute la journée, elle a besoin le soir d’être seule. Mais c’est alors qu’elle l’admet : « Je souffre de la solitude. » C’est un de ces paradoxes qui font la trame de la vie.
L’Union

1 commentaire:

  1. Bonsoir Anne, je viens de lire le texte ci-dessus, te concernant. Tu es une sage, tu es rentrée dans ma chambre le 10 octobre 2017 tel un ange entre dans dans un endroit qu'il connait. Je t'apprècie pour ce que tu es. Je pense beaucoup à toi. j'ai tant de choses à te dire, tu as la foi.

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