« La mise en mots du langage
poétique » : c’est le sujet proposé par Agnès Renaud, metteur en
scène, pour cet atelier. Il est évident, à connaître l’approche de l’Arcade,
qu’il ne s’agira pas de prononcer de belles phrases sur la nature. D’ailleurs,
Giono, chantre de la campagne, ne la voit pas si douce que cela. Dans « Le
grand troupeau » une truie dévore un cadavre d’enfant nu. Le sublime
côtoie la violence.
Une longue série d’exercices ouvre notre
respiration, nos corps aux sensations qui sont la base du jeu d’acteur. Ensuite
nous prenons quelques phrases de Giono, mais en disant les mots un à un. Il
faut s’y agripper, les malaxer, crier, en jouir, en être habités, y joindre des
gestes – et puis reprendre en augmentant encore l’ampleur.
Nous continuons en soumettant la parole
à des contraintes qui cassent toute élocution soignée. Les uns doivent lire un
texte affiché sur un pupitre, alors que d’autres essaient de les en empêcher.
De belles batailles s’ensuivent, frustrantes, hilarantes. Après, le texte relu
d’une voix essoufflée prend une densité inattendue.
L’atelier vise ainsi à mettre en valeur cette
écriture à travers l’éloquence du corps, en un souffle venu des profondeurs –
comme le lyrisme de Giono. Il chante la force de la nature, et pour bien
l’interpréter il faut se faire une force de la nature soi-même.
L’UnionLa lutte pour lire le texte lui
donne une intensité inattendue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires seront vus avant d'être affichés.