24/09/2011

"Vy" : la douloureuse enfance de l’art


.
Michèle Nguyen prend tous les risques avec son spectacle « Vy » dans la petite salle du Mail. Imaginez : elle raconte son enfance malheureuse à Mons (« autobiographique à 80 pour cent » admet-elle après le spectacle), auprès d’une grand-mère froide et méchante, alors que sa mère belge est à l’hôpital psychiatrique, et qu’elle est sans nouvelle de son père vietnamien. C’est lui qui l’appelait tendrement « Vy », c’est-à-dire « microbe » en vietnamien.
    Le risque était de faire du misérabilisme sur scène, de tirer des larmes faciles. Elle évite brillamment ces pièges. Sa voix est certes douce, pesée, lente, comme si elle ne prenait pas de distance par rapport à la tristesse du texte. Mais elle partage son rôle avec une marionnette espiègle, l’enfant qui défie la méchanceté ambiante avec son demi-sourire peint. Or les marionnettes, dont le jeu est réduit à quelques manipulations, traduisent à merveille l’émotion, c’est leur paradoxe.
    Michèle Nguyen a un autre atout. Son jeu est empreint de précision et de grâce, autant que si elle était danseuse. Ses gestes, ses mouvements, ses expressions créent la distance qu’il faut. A la fin, quand elle écrit un message d’amour sur la tombe de sa grand-mère, ce qui aurait pu être sentimental devient, comme au théâtre, émouvant.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.