Pour le philosophe saint-quentinois Emmanuel
Mousset, la Picardie est « une terre
d’ancienne et illustre civilisation cachée derrière des apparences
rustiques ». L’exposition actuelle dans les salles de l’Arsenal en cerne
un aspect, les pratiques funéraires des Celtes – qui pour les Romains sont les
Gaulois.
La région est riche en traces des cinq derniers siècles
avant notre ère, notamment avec une des nécropoles les plus importantes
d’Europe à Bucy-le-long.
Depuis le Neandertal, l’homme enterre ses morts, signe que
la mort était reconnue comme une partie du cycle de la vie. Deux types de
funérailles ont alterné entre -500 et -50, l’inhumation et l’incinération
suivie de l’enfouissement des restes. Pourquoi ? Comment savoir, car il ne
reste aucun document, seulement des ossements et objets en céramique et
métalliques ?
Après la publication scientifique des découvertes, cette
exposition propose un parcours pour le grand public. Les archéologues Sylvain
Thouvenot et Sophie Desenne et l’anthropologue Estelle Pinard, de l’Institut
national de la recherche archéologique préventive, ont beaucoup contribué au
montage de l’exposition. Avec une logique qui dépasse la pédagogie pour
atteindre l’éclairement, elle dispose les vestiges siècle par siècle, sous
différentes rubriques, accompagnés d’explications.
Les femmes étaient ensevelies avec leurs parures, les hommes
avec leurs armes. Les Celtes étaient pourtant de paisibles agriculteurs.
Comment le savoir ? « Peu de
corps montrent des traces de blessure » répond Sophie Desenne.
Deux tombes sont reconstituées, avec une bonne part de
supposition, car tant d’éléments manquent : du char funèbre il ne reste que
des pièces de métal. L’illustration documentaire est frappante. Mais ce sont enfin
les torques, les rasoirs, les bols pour la bouillie exposés dans les vitrines
qui témoignent avec le plus d’éloquence de cette civilisation, nichée sous nos
pieds depuis deux mille ans.
« Celtes et Gaulois : deux
chemins vers l’au-delà », Musée de Soissons à l’Arsenal jusqu’au 15 avril
2012. L’Union
De gauche à droite Estelle Pinard, Sylvain Thouvenot, une dépouille gauloise, Sophie Desenne.
Sur l'autre photo, le moulage d'un casque celte du IIIe s. avant notre ère, décoré du triskel.
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