21/01/2012

Le désordre sous les feux de la rampe


L’art des Chiche capon est celui des clowns, c'est-à-dire gonfler la plate réalité jusqu’à une explosion hilare et complice. Derrière « Les Oliver St John Gogarty », nous fait-on croire, il y aurait à l’origine un petit spectacle bien léché sur l’évolution de l’Homme, vue par des Irlandais sondés dans un pub de Dublin portant le nom d’un célèbre homme de lettres. Mais à l’arrivée sur scène, un seul membre du groupe a gardé en tête le sérieux du propos. En face, trois gugusses étaient décidés à tout ficher en l’air, surtout l’extraterrestre aux cheveux blonds interminables et en imperméable douteux, surgissant au milieu des spectateurs.
Même après le spectacle, ils n’ont rien perdu de leur gouaille.
    Ricardo Lo Giudice brandissait en vain sa queue de cheval pour tenir sur les rails Matthieu Pillard, élève de CM atteint de gigantisme, Fred Blin et, pire que tout, Patrick de Valette, le désordre incarné. C’était comme si les feux de la rampe les autorisaient à faire le pitre.
    La salle ne s’est pas trompée, et a accueilli ce pseudo-ratage avec rires et applaudissements. Elle a apprécié le talent fou qu’il faut pour faire minutieusement n’importe quoi. Pour démontrer sa souplesse, Matthieu Pillard insère son grand corps entre les barreaux d’un escabeau pliant et s’y coince. Il passe la moitié du spectacle à décliner l’inextricable inconfort de cette position.
    Le spectacle atteint sciemment des paroxysmes d’incompétence et de mauvaise volonté : chutes, agressions, fuites, fanfaronnades – avec ce trublion de spectateur rôdant dans l’espoir d’ajouter à la confusion.
Certes, le ver du désordre était peut-être dans le fruit dès la conception du spectacle. Qui a pu espérer tirer des propos cohérents d’une beuverie dublinoise ?
L'Union

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