Ils étaient déjà passés dans les classes de l’école de la Gare la veille, enceints tous les deux, Anne et… Vincent. Le lendemain, ils pointent à nouveau, cette fois avec chacun un porte-bébé rempli sur le ventre. La poésie n’observe aucune règle, même pas celle du calendrier de la grossesse.
La compagnie de l’Arcade a formé une Brigade d’intervention
poétique (BIP) pour accompagner le Printemps national des poètes dans les
écoles de Soissons. Les deux comédiens, Anne de Rocquigny et Vincent Dussart,
surgissent dans chaque classe, s’accaparent de l’espace et récitent des poèmes
sur le thème de l’année : « L’enfance ».
Dans une première classe, de CE1 et 2, les élèves réagissent
vivement, rient de bon cœur de ces deux adultes bizarres, comme des vers qu’ils
disent. Ils vivent encore en poésie. La classe de CM est plus circonspecte. Les
élèves sourient, scrutent, déjà sur leur garde par rapport à ces débordements
de la parole.
Pourquoi faire ces incursions, au lieu de présenter
sobrement les poèmes comme un support de cours ? Mais c’est évident :
les comédiens rompent le cadre scolaire comme la poésie rompt celui de la
prose, en cassant les phrases, se jouant des convenances, tournant les mots
sans vergogne à son avantage. Le poète ne décore pas le langage, il le
détourne.
L'Union
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