Le cœur de tous les bricoleurs dans
la grande salle du Mail n’a dû faire qu’un bond, devant la scène encombrée des
établis, escabeaux, tréteaux, outils, matériaux et détritus qui font un atelier
de rêve. Lequel d’eux n’aurait pas pu passer une journée de bonheur à y concocter
quelque projet irréaliste mais gratifiant ?
En bleus de travail, les neuf hommes des Zic Zazou investissent
ce paradis, se mettent à gratter, à frapper, à souffler (dans un tuyau
d’arrosage), et une musique émerge, aux rythmes obsédants.
Ils se comportent comme des ouvriers appliqués mais brouillons,
s’interpellent, se charrient même. Ils n’émettent que des bribes de paroles,
des grommèlements. « Brocante sonore » aurait pu être un film de
Tati : le chef d’équipe – il porte une blouse au lieu d’une veste – a les
mêmes mouvements raides que Monsieur Hulot. D’autres gestes répétitifs feraient
penser aux « Temps modernes » de Chaplin.
C’est une fête de l’ingéniosité. Un des ouvriers gonfle un
ballon et, en laissant parcimonieusement s’échapper l’air, joue « La vie
en rose ».
Il y a une ambiance de joyeux brouhaha, mais le spectacle
est minutieusement réglé. En réagissant aux applaudissements soutenus de la
salle, ces neuf Amiénois remercient les spectateurs d’être venus soutenir « les intermittents du spectacle que
nous sommes ».
L’Union
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