La nouvelle saison au Mail s’est ouverte sur une illustration exemplaire de l’enchantement du théâtre. « S’envoler » mis en scène par Gilbert Tsaï traduit en images l’histoire de Nils Holgersson, petit fripon qui devient héros au cours d’un long survol de la Suède sur le dos d’une oie de basse cour, accompagnée d’autres oies sauvages. Selma Lagerlöf avait écrit ce planant manuel de géographie en 1906-7.
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Un aigle compatissant ramène Nils chez ses amies les oies. |
Le spectacle utilise des marionnettes « de corps », manipulées de l’intérieur. Pour les oies, un bras devient le cou et une main la tête, et l’autre bras porte un triangle de tissu. Lorsque les acteurs traversent la scène en faisant voleter cette aile rudimentaire, le spectateur voit une volée d’oiseaux parcourant de grandes distances loin au dessus de la terre.
Alors qu’un ordinateur peut maintenant réaliser dans le moindre détail naturaliste les fantaisies les plus débridées, ce théâtre demande au public de faire la moitié du chemin de l’imagination. Ainsi, ces bras gainés, ces bouts de tissus ne convaincront que si la salle accorde à ce qui se passe sur scène
« la suspension consentie de l’incrédulité » avancée par le critique anglais Ruskin. Au lieu d’être bêtement éblouie, l’imagination doit s’ébranler. De spectateur on devient complice.
L'Union
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