02/02/2013

Entre avidité et humanité

L’homme caché au grenier souffre
l’exil du monde des hommes.
Un homme pathétique attend seul, enfermé dans les combles d’une maison branlante. Il y est avant l’entrée du public dans la salle du Mail, et y restera pendant l’action. Le fait qu’à la fin la femme qui l’hébergeait prenne sa place ne rend que plus poignant le sens d’exclusion du monde des hommes.
    « L’homme dans le plafond » de Timothy Daly est fondé sur un fait divers. En 1945, un couple allemand cache un Juif, qui en échange répare des montres servant de monnaie pour procurer de la nourriture. La combine est si juteuse qu’ils lui cachent la fin de la guerre : « Les Américains ont capitulé » explique la femme. Après des mois il décide enfin de partir, et se rend compte de la victoire alliée.
    Jusqu’alors le réfugié, exilé du monde des hommes, se confond en gratitude perplexe, le mari profite du filon et de la voisine volage, et la femme, épicentre du conflit entre avidité et humanité, devient prisonnière de ses propres ambigüités.
    La mise en scène d’Isabelle Starkier utilise une loupe pour grossir les effets d’un texte au fond naturaliste. Le jeu du mari, surtout, fait penser à Bourvil, a la fois attachant et abject. Isabelle Starkier aime les situations troubles. En 2111 au Mail, son simple choix d’un acteur noir pour jouer le provincial Monsieur de Pourceaugnac de Molière avait donné un air de lynchage aux brimades de ses bourreaux. Cette fois, c’est l’image de l’exclus qui se colle aux rétines.
L'Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.