26/03/2013

Rêver devant vos yeux

Une boule de neige coiffée d’une tête de mannequin
– ou une vraie, allez savoir.
Quoi de plus ennuyeux que d’écouter quelqu’un raconter ses rêves, toutes les péripéties, incongruités, couleurs et sensations converties en plats mots ? Dans « Ne m’oublie pas » au Mail, Philippe Genty fait du rêve de Clarisse la chimpanzée un spectacle. L’invraisemblance devient aussi fascinante que si les spectateurs partageaient ce rêve, les yeux ouverts.
    Chaque personnage est doublé par un mannequin-sosie. Dans les premiers mouvements d’ensemble, on s’efforce de distinguer les vivants des non-vivants, puis on laisse tomber. L’effort pour comprendre est aussi déplacé que dans un rêve.
    Pour donner une idée : à mi-rêve, trois grosses boules de neige automobiles arrivent sur scène. Une fille coiffe chacune d’une tête de mannequin décapité. Soudain, les têtes disparaissent et ressortent – mais les vraies têtes cette fois. Trois filles s’approchent – et s’introduisent aussi, tête la première, dans les boules. De la suite dans les idées ? Bah ! ça c’est réservé à l’état de veille, et encore…
    Les rares paroles dites et chantées sont – pourquoi être surpris ? – en norvégien, comme les jeunes comédiens.
    En déroutant sciemment et systématiquement les spectateurs, Philippe Genty arrive à les atteindre à un niveau plus enfoui – comme dans un rêve.
L'Union

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