30/04/2013

L’exotique et le familier

Le public venu écouter Katia Guerreiro au Mail était manifestement composé de deux éléments : les uns goûtaient l’exotisme musical, linguistique et culturel du fado portugais ; pour les autres, c’était sa familiarité qui les touchait. Les Portugais dans la salle, dont beaucoup encore vêtus des costumes folkloriques portés pour le spectacle qui a précédé le récital, allaient jusqu’à murmurer la mélodie de certaines pièces. Les non-Portugais se fiaient à l’ambiance, aux sentiments transmis.
    Le « Fado », du latin « fatum », destin, chante les mauvais coups, déchirures, remords et émois que la vie impose. C’est un cri de cœur brisé, un « blues » lusitanien. La voix puissante et délicate de Katia Guerreiro convient au ton désabusé, mélancolique.
    Après un brillant interlude instrumental par ses musiciens, sur une guitare portugaise et deux classiques, elle est revenue habillée, non plus en noir, mais en longue jupe claire. Le ton a changé, elle souriait, et chantait plutôt l’amour du pays.
    Comme Cristina Branco, autre célèbre fadiste venue à Soissons en 2009, elle a recours à une sonorisation poussée, donnant des résonances profondes à la voix comme pour refléter la nature cosmique des émotions exprimées. L’éclairage était celui d’un music-hall, des couleurs fortes se succédant sur les rideaux de scène. Car le fado, comme la musique irlandaise, n’est pas un genre désuet ressuscité pour les connaisseurs, mais un art populaire qui se renouvelle avec chaque fadiste.
L'Union

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