19/08/2013

Vallée de la Crise : Une ferme comme dans le temps


 Dans la mêlée, le furet s’est sauvé sous la niche qu’il partage avec épouse et enfants. Il y furète : quoi d’autre ? Les garçons les plus bruyants partis voir les cochons, c’est Alexandre le calme qui arrive à l’attirer et le rattraper. Il le remet à Sylvain Philbert, propriétaire de la Berque. Cette ferme pédagogique ménage de telles réactions inattendues : les fiers-à-bras qui hésitent à caresser un museau de cheval, les timides qui sont à l’aise entourés d’animaux. En apprenant, chacun s’apprend autant.
    La Berque est référencée « ferme pédagogique » par la Chambre de l’agriculture et l’Inspection académique. Mais la pédagogie se fait dans le désordre apparent d’une exploitation à l’ancienne. Alors que l’agriculture et l’élevage intensifs imposent leur logique implacable dans cette région céréalière comme ailleurs, la Berque garde la diversité d’une ferme qui devait satisfaire tous les besoins du voisinage. Elle fourmille de moutons, poules, pintades, lapins, cochons, chevaux, oies, canards, avec un dindon impérieux, un âne, un chien, des chats – et la famille de furets.
C’est aussi un gîte de groupe, équipé pour recevoir une quarantaine de visiteurs. Classes vertes, stages écologiques et d’arts martiaux y trouvent leur place. Un maraîcher-boulanger cultive les champs, autre source d’enseignement pour les visiteurs. La pédagogie est nécessaire : à la question « A quoi servent les lapins ? » un jeune répond « Pour les œufs ? » - pensait-il aux œufs de Pâques ? Définir « un mammifère » laisse perplexe.
    Il y a un musée d’outils et appareils anciens, râteaux, baratte à beurre et une scieuse à planches.
Sylvain et sa femme Marie-Christine gèrent la ferme, reçoivent les visiteurs, et militent pour le maintien d’une agriculture paysanne. « Nous essayons de résister. »
    Ils sont aussi à l’origine du « Sentier d’art », qui part de La Berque et y revient par monts et vaux. Des artistes tels Salim Le Kouaghet et Emmanuel Barrat, mais aussi de simples imaginatifs installent des œuvres d’art éphémères le long des cinq kilomètres. Les récentes, gestes artistiques posés dans la nature, surprennent, intriguent, amusent le passant ; les anciennes, en se désintégrant doucement, posent la question de savoir ce qui est art et ce qui est nature.
    Ferme de la Berque, 02200 Nampteuil-sous-Muret. La ferme pédagogique reçoit les particuliers les vendredis jusqu’en septembre. Les animaux goûtent à 16 heures. Entrée gratuite. Pour les groupes, appeler le 03 23 55 18 52. Le sentier est ouvert en permanence ; accès libre et gratuit.
L'Union

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