20/01/2014

Quand le jazz devient de la poésie

Lorsque le poète Léo Ferré chantait ses textes, il faisait passer avant tout le sens, la musique restant un accompagnement.
Le contrebassiste et compositeur Yves Rousseau
entre Claudia Solal (à gauche) et Maria Laura Baccarini.
    Au concert donné à l’Arsenal, le contrebassiste de jazz Yves Rousseau a voulu faire autre chose. Ferré avait mis seulement certains poèmes de sa première collection, « Poètes, vos papiers ! », en musique. Yves Rousseau en a pris quelques uns de ceux-ci, et a composé la musique d’autres lui-même.
     Mais au lieu de tout subordonner à la clarté des paroles, il les a intégrées dans une partition complexe, pour violon, saxophone, contrebasse, et deux voix de femme. Sa complexité correspond à la densité des textes de Ferré, où chaque mot a son sens, en lui-même et avec les autres, ou les idées et mots se chevauchent. Au lieu de se dégager, la poésie se marie avec le jazz. Les deux voix, chacun avec son timbre distinct, deviennent des instruments, dont les notes sont des mots.
    Ce jazz sature la musique comme la poésie sature le langage. Il faut parfois s’accrocher pour suivre le résultat, mais cela vaut la peine.
    Le programme a pris fin avec une renversante interprétation de la grande envolée lyrique qu’est « Madame la misère ». Seul restait le « bis », où une voix masculine s’est introduite, devenant de plus de plus forte jusqu’à tout dominer. Seul le violon accompagnait encore cet enregistrement de Léo Ferré. Un hommage élégant et plaisant au poète et musicien.
L'Union

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