12/04/2014

Les particules élémentaires : un long coup de poing

Il y a toujours un frisson lorsque les lumières baissent dans la grande salle du Mail. La réalité se retire, le spectacle commence. Mais l’ambiance était encore plus fébrile pour « Les particules élémentaires », car le Mail a coproduit cette pièce, adaptée et mise en scène par Julien Gosselin à partir du roman de Michel Houllebecq. Jean-Marie Chevallier, directeur du Mail, explique : « Il y a eu une petite aide financière, nous prenons le spectacle ici, et surtout nous avons mis la salle à disposition pour travailler. » Nous étions là pour voir ce qui en émergerait.
Les demi-frères Bruno (Alexandre Lecroc,
à gauche), et Michel (Antoine Ferron).
    La pièce montre deux demi-frères, Michel et Bruno, l’un incapable de sentiments profonds, l’autre en quête de satisfaction sexuelle, et qui témoignent du déclin de l’être humain, remplacé à la fin par une race de clones immortels et joyeux.
    Les acteurs s’adressent directement au public pour dire cette histoire, distanciant ainsi la violence radicale des propos. A l’entracte les avis étaient partagés, surtout sur l’écriture de Houellebecq,« que je n’aime pas du tout » dit un spectateur. Est-ce la volonté de choquer, de dépasser les limites, de déborder dans l’obscène ? Un autre parle avec admiration d’un « long coup de poing dans la figure ».
    Mais tous ont adhéré aux valeurs théâtrales, la force et la diversité de la mise en scène, traduite par dix jeunes acteurs. Par leur profond engagement collectif ils font penser au Théâtre du Soleil, en créant un monde où nous avions le privilège d’être admis pendant les trois heures du spectacle.
    Après Avignon en 2013 et ce passage par Soissons, 200 représentations sont prévues, dont une cinquantaine dans le cadre on ne peut pas plus prestigieux du théâtre de l’Odéon à Paris.
L'Union

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