16/02/2005

Chants et danses de France : retenue et séduction

Une soirée de danses traditionnelles, ne risquait‑elle pas de sentir la naphtaline dans laquelle quelques enthousiasmés essaieraient de protéger contre les mites une activité populaire qui ne l’est plus ? Eh bien, non. Le spectacle donné par Chants et Danses de France au Centre Culturel respire la joie de faire bouger son corps, et de le montrer.
Didier Lhotte, directeur de l’ensemble Contrerond, a fait venir deux autres formations, pour un spectacle devant une salle où les avertis, les connaisseurs, ont su encourager les artistes.
D’abord, les participants aux ateliers de danse des Chants et Danses présentent leur travail, qui va chercher jusqu’au Maghreb et à l’Espagne des danses pour enrichir le répertoire. Ils sont suivis par le groupe Chestnut et son spectacle dirigé et chorégraphié par Cécile Laye, qui évoque, en danse et en textes, une autre tradition, funeste celle‑là : la peste. En 1665, les gens de Londres persistent à danser au milieu des ravages ; la sensualité conteste la mort.
Contrerond éblouit par un ensemble de danses dont les noms mêmes, « Pas d’été », « Matelotte », « Fricassée », font plaisir à lire dans le programme. Parmi les jeunes danseurs Yves Duparfait qui, voyant un spectacle à cinq ans, avait dit « Un jour ce sera moi là‑haut , danse à vingt ans avec un grand sourire, non pas de circonstance, mais de plaisir.
Le troisième groupe, Crédanse, creuse les subtilités de la « bourrée » et, pour finir, les trois ensembles se rejoignent pour une bourrée générale, mise en place seulement quelques minutes avant le début du spectacle.
Dans ces mouvements, les corps qui s’approchent, s’éloignent, tournoient, les mains qui touchent, même les partenaires qui se succèdent, tout évoque les jeux de la séduction. La retenue qu’imposait l’époque ne fait qu’augmenter les appétits.
Ces danses demandent de l’agilité, une longue pratique, des prouesses corporelles. Mais cela reste du domaine du populaire, c'est-à-dire à la portée de ceux qui veulent bien faire l’effort d’apprendre. Longtemps elles offraient à chacun la possibilité en société de s’attirer l’attention, et les attentions, par une activité dans laquelle le rang, la richesse, le pouvoir, la beauté, l’intelligence comptaient moins que la grâce physique.
Les ateliers et cours des Chants et Danses de France sont ouverts aux amateurs, nouveaux ou expérimentés.
L'Union
Sur les photos : Les danseurs de Contrerond attendent leur tout sur scène
Cécil Laye chorégraphe "La grande peste de Londres de 1665."

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