20/01/2005

Catherine Loche : gardienne du « Phare »



Qu’est qui peut transformer la peur de la mort en désir d’en finir avec la vie ? C’est au tournant dangereux où l’instinct de survie est submergé par les pulsions suicidaires que Catherine Loche se tient prête.
« Mes trois filles grandissaient au collège et au lycée, et me parlaient de camarades qui n’allaient pas bien. » Après une longue réflexion - « je n’aime pas faire les choses à moitié » - elle propose d’établir à Soissons un relais de Phare Enfants‑Parents. Cette association agit contre le suicide des jeunes, deuxième cause de mortalité pour les moins de 24 ans, après les accidents de la route, et première cause pour les 24‑35 ans.
La confiance qui permet à ses enfants d’évoquer les sujets sombres est fondée dans un drame de famille. A trois ans, la fille aînée de Catherine est tuée dans un accident de la route. Le mal abominable est accru par le flou des responsabilités. « Des gens m’accusaient carrément. » Elle quitte un temps sa famille, ce qui amène d’autres reproches. Suivent des années d’effort. Un jour, elle se rend compte que distribuer des blâmes c’est plus qu’injuste, c’est une perte de temps. Elle redevient capable de faire face aux difficultés. « Qui est responsable ? On s’en fiche. C’est mon histoire, point final ! » Elle en tire une capacité d’aider les autres sans les juger, principe premier d’une action associative.
Née à Laon, d’un père venu de la Corrèze et d’une mère laonnoise, Catherine a été parent d’élève FCPE, et a participé à la lutte contre le Sida, avant de rejoindre Phare en 1998, et partager son action contre « l’autodestruction des jeunes. » Elle propose des séances de sensibilisation, par exemple à la Maison Familiale Rurale d’Ambleny, de soutien d’élèves après un suicide, ou du soutien personnel aux suicidaires.
 « Ce travail a un coût énorme en énergie. » Même se tenir prudemment à distance de la situation, « c’est tout un travail aussi. » A présent, Catherine hésite à poursuivre son engagement. Son travail de fonctionnaire l’accapare de plus en plus et, il faut le rappeler, elle « n’aime pas faire les choses à moitié. » Encore beaucoup de réflexion avant de décider.
Comment réagir au téléphone à celui qui annonce « Je n’en peux plus, je me tire une balle dans la tête » ? Catherine répondrait peut‑être « Qu’est‑ce qui vous amène à cela ? » Ecoute attentive, sans « bons sentiments », ni morale ni jugement. Mais sans détachement aussi : « Ils font parfois écho à ma propre peine. »
Un phare prévient des dangers qui l’entourent par la lumière qu’il projette. Catherine offre un nouvel éclairage sur des peines longtemps rassasiées dans la solitude. La lumière de l’accompagnement contre le noir de la désespérance.
L’Union

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