13/04/2005

Martine Ponssard, le mouvement perpétuel

« Tout baigne. » Le ton des échanges est choisi dès le début, dynamique, rieur. Le sport prend une grande place dans le discours de Martine Ponssard, devant l’étendue de son jardin près de l’église Saint Germain, à la sortie de Soissons. « Faire aimer le sport », c’est son vœu.
« A treize ans mes parents m’ont envoyée apprendre l’escrime, parce que j’étais timide. »  Elle rit à l’idée. Douze ans de pratique, dont deux à Paris, lorsqu’elle quitte Soissons pour une école d’éducateurs. Elle devient même championne universitaire de France au fleuret ‑ « Les filles ne faisaient pas d’épée à l’époque. »
Ses études terminées, elle rentre, et commence à travailler avec les enfants placés au centre de La Cordée. « Il y a trente ans, ce n’était pas comme maintenant. Des dortoirs, pas de télévision. Fugues, violences. Un éducateur s’occupait de onze enfants. Il arrivait qu’un couteau vole à l’heure du petit déjeuner. » Que faire dans ce cas ? « Je baissais la tête. En même temps, ces gamins étaient attachants. »
Martine quitte ce travail pour élever ses trois enfants. Il y a seize ans, elle s’engage comme bénévole dans la gestion d’un centre de séjour rural à Sorbais, et réussit au point de pouvoir se créer un poste de salariée. Elle travaille chez elle, ce qui lui permet aussi de se faire des ampoules aux mains en jardinant.
Ses enfants apprennent la natation sportive, puis un jour de 1997, devant la piscine, c’est le vide. Le club ne fonctionne plus. Avec deux autres mères, elle reprend tout à zéro. Elles créent Soissons Natation Sportive. Quarante enfants la première année, cent cinquante aujourd’hui. « Soissons n’ayant pas d’université, c’est un « club formateur » : une fois formés, les enfants partent ailleurs. Certains reviennent, parfois avec leurs propres enfants. »
Ses enfants, maintenant grands, se sont tous engagés dans le sport – à vingt-six ans, le plus jeune est maître‑nageur.
Martine elle‑même pratique la natation avec l’Asdec (dont elle est vice‑Présidente), la gymnastique, la randonnée avec un groupe tous les lundis, la marche à pied dans les Alpes chaque octobre – « Mille mètres de dénivelée par jour » ‑ , et elle court des demi‑marathons de 25 kilomètres. Et le repos ? « A regarder la télé ? : ah non ! »
Le sport professionnel, parasité par le fric, donne un modèle âpre de la compétitivité ; mais au niveau associatif, Martine Ponssard trouve que l’émulation qu’engendre la pratique d’un sport, entourée par des parents bénévoles, prépare les enfants pour les réalités de la vie. Gagner, vaincre, sur un fond de solidarité sportive. Combattre, mais en reconnaissant que le plaisir de lutter ensemble compte autant que la victoire. C’est l’idéal Olympique, après tout.
L’Union

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