23/11/2005

Jean Jacques Lagane : questions et réponses

Jean-Jacques Lagane prend ses claquettes en main
Dès qu’il a pu s’assumer, Jean‑Jacques Lagane est devenu danseur. « On est pris en charge par les parents, l’école, l’armée, le métier. » Alors c’est à la retraite qu’il a pu entrer dans la danse.
Jean‑Jacques naît dans un bourg du Sud‑Ouest – sans que ces origines s’entendent dans sa voix. Son père est coiffeur, sa mère couturière. Les études le mènent à Toulouse, puis à une Ecole des Mines à Saint Etienne. Les accords d’Evian arrivent à temps  pour lui éviter le service militaire en Algérie. « J’ai grandi près d’un pont, d’une rivière. Puis je me suis retrouvé dans le milieu des mines. » Habité par le souvenir d’enfance, il opte pour les travaux publics, et calcule et réalise des ponts d’autoroutes, du TGV.
A un bal parisien il rencontre Monique, artisane‑bijoutière, originaire de Mercin et Vaux. Ils vivent en couple, sans mariage. « Peut‑être par peur de m’engager » dit‑il. C’est déjà une danse : deux appartements, distance et proximité, indépendance et partage, éloignement et intimité. Quand son entreprise dépose le bilan Jean‑Jacques rejoint Monique à Soissons, et se lance dans la vente, puis la réalisation de bijoux avec elle. Il prend goût à l’artisanat – « qui n’est pas de l’art : le bijou est un vêtement ». Il redevient ingénieur jusqu’à la retraite. A présent, dans un grand jardin à Mercin et Vaux, le couple vit dans une maison moderne, en demi‑étages et aux plafonds inclinés. L’appartement de Jean‑Jacques ajoute Paris à leur périmètre.
Les envies réprimées par sa carrière font surface. Le corps réclame son dû. S’étant vite ennuyé dans la salle de gym, il apprend la respiration et la posture par le yoga, puis avec des amis à Paris découvre la salsa. « Je retournais à l’école. » A l’association Habanera de Soissons il apprend les danses de salon, et les claquettes au groupe Sing Sing,. « Son côté cérébral est un défi. Et le bruit sanctionne toute faute. »
Jean‑Jacques reconnaît être un débutant. « Nous ne pouvons guère pratiquer les « questions et réponses », c’est à dire une conversation dansée où chacun rivalise pour épater.
L’aspect macho de la danse lui convient. Dans la salsa, explique‑t‑il, l’homme peut commencer à faire tourner la femme dans un sens, puis soudain dans l’autre. C’est une exutoire inoffensive pour l’envie masculine de dominer, comme le sport l’est pour l’agressivité.
Joie, plaisir : « C’est comme une drogue, la danse. Parfois difficile pour l’entourage. » Il regarde Monique.
Danseur, Jean‑Jacques regarde où il met les pieds. Alors qu’il a préparé des notes, l’entretien l’oblige à improviser. Un peu dérouté, il le fait néanmoins avec exactitude et grâce. La danse, comme les ponts, sert la rencontre, la communication. Après tout, sur un pont célèbre l’on y danse, l’on y danse.
L’Union

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