24/02/2007

"Casse-noisette" : comme par enchantement


Le défi pour chaque production d’un grand ballet classique est de maintenir l’enchantement sans tomber dans l’absurdité. Le « Casse-noisette » du Ballet national de Kiev en Ukraine l’a relevé à sa façon, pour danser cette histoire d’une fillette, comblée de cadeaux de Noël et qui rentre dans un monde magique. Ses jouets s’animent. Ultime rêve, la poupée casse-noisette s’éveille prince, n’existant que par amour pour elle.
Les enfants perçoivent par nature l’enchantement d’un tel conte qui, disent les psychanalystes, les aide même à mieux vivre les passages de la vie. Pour les grandes personnes, il s’agit plutôt d’un retour à  l’enfance le temps du spectacle, la suspension de leur incrédulité adulte facilitée par l’éclat de la danse, de la musique, des couleurs, des costumes.
Car la danse classique impose une esthétique loin de notre quotidien. Notamment, les hommes gomment toute brusquerie mâle, pour incarner des créatures romantiques dont rêveraient de jeunes filles en fleur.
Cela frise l’absurde, que seule une rigueur extrême de style évite. Chez les danseurs de Kiev, la façade romantique cède sur des détails, un regard loin, un mouvement à côté, des costumes moins que somptueux (mais c’est un rappel salutaire que pas toutes les troupes ne reçoivent de grasses subventions culturelles). Certes, un orchestre ferait crever le budget de leur tournée en France, mais l’enregistrement strident est loin de porter le ballet comme le feraient des musiciens dans la fosse.
Cependant le plus important, cette élégance qui cache tout effort, où seuls les flancs qui palpitent pendant les saluts trahissent l’essoufflement, était parfaite.
    Ce sont des commentaires d’adulte. Les yeux des petites filles dans la salle montraient, non pas un regard critique, mais l’espoir d’être un jour, elles, sur scène, à danser toute cette beauté, puis à saluer leur public. D’ailleurs, des éléments comme les élévations spectaculaires sur la partition fastueuse de Tchaïkowski devaient faire courir le sang dans les veines même des plus rétifs des spectateurs.    L'Union







Devant la glace des loges, Evgeny Lagunov
et Cristina Balaban, prince et jeune fille sur
scène, mari et femme en ville.

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