Elle est devenue alors
volontaire de l’association Aides dans un hôpital à Paris, en restant proche de
l’association soissonnaise Soutiens-Sida. Danoise vivant depuis longtemps en
France, et ayant pris sa retraite du jardin d’enfants qu’elle avait fondé, elle
a décidé en 2006 de partir seule au Cambodge, où « le gouvernement ne
veut pas voir le problème du Sida. » A son retour, elle a évoqué ses aventures (voir « Grethe Gravesen, activiste Vih/Sida au Cambodge » du 19/03/06).
S’étant engagée
envers ceux avec lesquels elle avait travaillé, et pour aller plus loin, elle
est repartie en janvier pour quelques mois. Elle nous raconte une journée type
à Pnom Penh.
« Le soleil
se lève à six heures, et se couche à six heures, chaque fois dans dix minutes,
sans crépuscule. Je m’éveille au son des chats, chiens et coqs. C’est comme à
Haïti, la même misère, le même vacarme. » Et chaque matin le même
dilemme : le petit déjeuner. « C’est le poisson au riz ou la soupe
au poisson. L’autre jour, j’ai eu une soupe de chèvre. Ayant déniché du
café soluble et du lait, j’arrive à avaler le reste. »
Ensuite, elle
affronte la poussière et le bruit pour aller travailler. Parfois elle se rend à
l’hôpital avec le médecin khmer chez qui elle habite, pour accompagner des
malades en phase terminale. Il y a deux ou trois morts par semaine.
Ou bien elle
travaille dans un foyer pour les orphelins de parents morts du Sida, où son
savoir professionnel la rend utile. Elle leur apprend l’anglais – « mais
l’anglais khmer, très différent de l’anglais anglais – le professeur traduit
quand je parle ! »
Elle s’occupe aussi
d’un village d’ex-prostituées – dont certaines ne seraient pas si
« ex » que ça – où elle est « la dame hygiène ». C’est en
dehors de la vile, et elle s’y rend derrière son motard attitré : « la
vie n’est pas dangereuse, mais la pauvreté est telle qu’un inconnu, avec une
vieille dame comme moi …. ».
Sa nourriture reste
un problème. « Tous les jours, du poisson et du riz, alors je vais maintenant
au marché pour faire mes achats. Mais il faut marchander. » A
l’étonnement général, Grethe apprend à présent le khmer.
Après son travail,
elle rentre. « Je ne sors pas le soir, c’est trop risqué de revenir
seule. »
La misère est partout.
L’année dernière, elle a vu mourir par terre une fille malade du Sida, faute de
lit. Une autre femme, trop pauvre pour prétendre à une maison, vivait sur des
planches sous une cabane sur pilotis, juste au-dessus de l’eau.
L’Union
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