19/03/2006

Grethe Gravesen, activiste Vih/Sida au Cambodge



Au retour de trois mois au Cambodge, ce sont ses liens associatifs et amicaux avec Soutiens-Sida, association locale d'action VIH/Sida, qui ont amené Grethe Gravesen, volontaire à l'association nationale Aides, à visiter Soissons. Grethe est née à Haders-lev au Danemark, ville jumelée avec Braine. C'est en 1966 qu'elle a décidé de quitter son pays. «Je me trouvais trop carrée d'esprit et je voulais arrondir mes angles. Et j'avais envie d'apprendre le français.»
    Elle fait partie depuis dix ans d'une équipe qui accompagne les séropositifs et malades du Sida à l'hôpital de la Salpétrière à Paris. Ayant pris sa retraite de la direction d'un jardin d'enfants qu'elle avait fondé en 1984, «Les petits dragons», elle décide de partir seule en Asie comme bénévole. «La Thaïlande est riche. Au Vietnam, le Sida est traité ouvertement, mais les Cambodgiens ne veulent pas voir le problème.»
    Elle part, munie seulement d'une adresse de pension à Pnom Penh, et du prix conseillé pour un taxi de l'aéroport au centre ville. Dans l'avion, elle rencontre la patronne d'un restaurant où elle pourra loger, et un médecin qui la dirige vers un centre pour des orphelins dont les parents sont morts du Sida. Elle y travaille deux jours par semaine, et s'occupe aussi d'un village d'anciennes prostituées (« Certaines le sont probablement encore »), où elle se rend assis derrière son motard attitré. «C'était loin, et nous aidions les personnes à se déplacer à l'hôpital pour leur traitement. Je prônais aussi le recours au préservatif, mais c'était difficile.»
    Au restaurant, elle donne un coup de main. Elle rit maintenant d'avoir, en Occidentale efficace, essayé de mettre de l'ordre dans le désordre et l'imprévoyance autour d'elle. Elle pensait, par exemple, qu'il serait prudent, avant de prendre la commande d'un client, de s'être procuré les ingrédients du plat ! «Tu es mariée? Tu as des enfants ?» Pour contrer l'incrédulité devant ses réponses négatives, Grethe feint d'avoir un mari et trois enfants. Mais où est son mari ? Elle annonce son veuvage. Disponible alors ? Elle s'invente un «petit ami». Enfin la paix. Elle est dans les normes. Un jour, un Algérien prospère demande son aide pour distribuer cinq tonnes de riz gratui¬tement aux pauvres. «C'était le meilleur moment de mon séjour.»

Grethe avec les enfants et jeunes de Sfoda
    Qu'est-ce qui explique son engagement ? A l'origine, Grethe a été émue par le secret qui enveloppait si souvent le Sida, et l'orientation sexuelle de beaucoup de ceux qui en souffraient. Elle était amie du même homme dont la mort, il y a onze ans, a motivé l'action de plusieurs des bénévoles de Soutiens-Sida. «Je n'ai pas supporté qu 'il ait dû cacher non seulement la maladie qu'il avait, mais aussi ce qu'il était.»
    Grethe Gravesen doit retourner au Cambodge l'année prochaine. Les orphelins, les malades, le personnel du restaurant, tous l'attendent.
L’Union

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.