16/04/2007

Andromaque : le regard transformé


Le spectacle le plus ancien de la saison au Mail, « Andromaque » de Racine, 340 ans cette année, a paradoxalement provoqué un rajeunissement spectaculaire des spectateurs. Une foule de lycéens a rempli la grande salle, bruyante, remuante puis, dès que les lumières ont baissé, plongée dans un silence à peine bruissant. A la fin, admiratifs, ou pour se libérer de cette longue concentration, ils ont vigoureusement applaudi et crié.
Beaucoup devaient y avoir leur première expérience du théâtre classique, en voyant Andromaque, Pyrrhus, Hermione, Oreste, cette chaîne d’amoureux dépités, et que la passion pousse à la catastrophe, accompagnés par un homme-chœur qui, devant leurs extravagances, les somme d’être raisonnables. En vain : la raison est le cadet de leurs soucis.
Le propre du théâtre est, non pas de reproduire la réalité sur scène, mais de s’en distancier, par le texte, la mise en scène, les conventions théâtrales. Il s’agit de transformer le regard du spectateur. Racine, remplaçant les déclamations cornéliennes par un langage d’une lumineuse simplicité pour son temps, crée sa distance par l’encadrement alexandrin, et la rime.
Pour sa part Alain Paris, le metteur en scène, écarte toute agitation corporelle, tout décor réaliste, pour dégager seul le texte.
Ce spectacle aura-t-il conquis beaucoup de jeunes ? Iront-ils régulièrement au théâtre ? Les réactions après le spectacle divergent. Au moins, ils savent ce qu’est l’ambiance d’un spectacle vivant. Le cinéma, la télévision se déroulent indifférents, mais au théâtre le public est partenaire, aussi nécessaire au spectacle que les comédiens.
L’Union

Après deux heures de tragédie, les comédiens retrouvent le sourire dans le foyer des artistes.

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