11/04/2007

Christine Ferro et la cause des chevaux


Sur les hauteurs de Pasly, un chemin de terre – boueux quand il pleut – mène à une lignée de crouttes creusées dans la roche, derrière quelques vieilles maisons. Des chevaux broutent les pâtures raides qui descendent devant. Le lieu n’a pas dû changer en un siècle. C’est ici que Christine Ferro a fondé « Equus loisirs », pour faire découvrir le cheval par des activités éducatives.
Son propre intérêt pour le cheval ? « C’était mon premier rêve. D’ailleurs, j’étais un gros bébé avec les jambes tellement arquées qu’on disait que j’étais faite pour monter à cheval ! »
Christine est née sur les bords de la Meuse dans les Ardennes, où la légendaire forêt est son terrain de jeu. Elle s’y promène avec son père, fils d’immigrés italiens venus travailler dans la sidérurgie. « L’héritage italien était mis de côté. Il fallait s’intégrer. Nous n’allions jamais en Italie. »
Elle a sept ans quand la famille arrive à Soissons, « où les gens ne se saluaient pas dans la rue comme  à Revin. » A seize ans elle est au lycée, déléguée d’élèves, en première ligne contre l’injustice, et revendiquant bruyamment sa liberté à la maison. Elle rencontre alors le cheval qui sera le sien. Le propriétaire de Peter l’alezan lui permet de s’en occuper. « Alors tous les jours je prenais le vélo après l’école…. » Enfin, avec ce qu’elle gagne en travaillant elle arrive à l’acheter.
N’ayant pas eu son bac, elle part dans une carrière improvisée, appréciée pour son énergie et ses idées, redoutée pour son côté contestataire. Inscrite un temps à la CGT, Christine est juge prud’homal. « Il ne faut pas s’habituer à l’injustice. »
Equus propose l’équitation à des groupes d’enfants de familles aux revenus modestes. Tous réagissent positivement « Le cheval est un régulateur. Les enfants timides doivent trouver leur vérité et leur confiance, les turbulents doivent se calmer ». Ces animations ont lieu à Pasly.
Christine prône « l’équitation naturelle », refusant d’adopter le rôle habituel dominateur du cavalier. « Je suis le leader de mes chevaux, qui me respectent parce que je les protège. » Elle déteste le terme de « débourrage » pour définir le dressage nécessaire d’un jeune cheval. Les pâtures sont vitales au bien-être. « Beaucoup n’envisagent un cheval que dans un box, alors que dans la nature il doit faire quinze kilomètres par jour pour s’alimenter. Etre enfermé provoque une frustration énorme. »
Pendant la conversation, l’expression de Christine Ferro se durcit, ou devient caustique, lorsqu’elle dénonce un abus ou aborde les revendications sociales. Mais après, lorsqu’elle présente ses chevaux et poneys, un large sourire ne quitte jamais son visage. Elle ne peut pas s’empêcher de les aimer, et d’avancer leur cause.
L’Union

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