09/04/2008

Jacqueline Dubois : vivre avec le diabète


Avant l’entretien, Jacqueline Dubois a écrit quatre grandes feuilles, détaillant les dates, les médecins, les traitements, faits marquants du long diabète de sa fille Christine. C’est un emploi du temps pour un travail qui a tout accaparé dans leur vie commune.
A douze ans, elle voit Christine, dernière des quatre enfants, « boire, boire, boire, mais déshydratée, les lèvres blanches, les pores de la langue grossies ». Un médecin l’envoie d’urgence à l’hôpital. Elle a 6 g de sucre dans le sang, indication vertigineuse d’un diabète. Elle est soignée, subit de multiples traitements, sans stabiliser la maladie – « toujours en yoyo » dit sa mère. Elle subit plusieurs épisodes critiques menant jusqu’au coma.
Maintenant, à plus de quarante ans, elle porte en permanence une pompe à insuline. Elle a dû renoncer à travailler, et à se marier – « Les employeurs, comme les copains, vous renvoient dès que vous avez une crise. » Son diabète ne serait pas héréditaire, mais venu d’un « blocage » à l’école, devant l’attitude d’une institutrice.
Il est difficile de faire parler Jacqueline d’elle-même, car elle croit sa vie trop modeste pour être racontée. Elle naît en Bretagne, où sa mère s’était réfugiée pendant la guerre, alors que son père était prisonnier. La famille habite ensuite Armentières. Elle se souvient d’avoir voulu être coiffeuse. En 1961 elle se marie. Le couple ouvre une boucherie à Hartennes, puis s’installe à Soissons en 1966. Son mari meurt en 1982, et Jacqueline est recrutée comme vendeuse à Magany, devenu plus tard Monoprix. Depuis sa retraite en 2002, elle s’occupe à plein temps de Christine.
Embourbée dans cette lutte avec le diabète, Jacqueline n’a que des éloges pour les professionnels et associatifs qui les entourent, même son ancien employeur. Elle voudrait les voir tous cités ici, quitte à lui faire moins de place elle-même. Seule l’enseignante supposée à l’origine du problème est critiquée, mais sans amertume.
Jacqueline est active dans l’association de diabétiques et vient d’être élue au conseil, avec Christine. Elles vivent à deux, mais le diabète est comme une troisième personne dans la maison, exigeante, capricieuse, n’en faisant qu’à sa tête. Jacqueline et Christine ne se laissent pas dominer, pourtant, gardent leur vitalité, le sourire, et parfois le fou rire.
L’Union

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