11/04/2008

Vingt doigts au Mail

Comme par un mauvais sortilège, le spectacle « Boliloc » du marionnettiste Philippe Genty s’est tardivement avéré trop gourmand en espace pour la grande salle du Mail, dont les coulisses manquent notoirement de profondeur. Que faire ? Eh bien, par un coup de baguette remplacer l’énorme machin par un spectacle miniature à deux comédiens et à vingt doigts. « Zygmund Follies » a été hébergé dans la salle des fêtes, transformée en théâtre à gradins.
Eric de Sarria, Philippe Richard et leurs vingt doigts.
Genty, perfectionniste entre tous, est venu à Soissons régler longuement sa mise en scène. Trois séances ont été prévues pour recevoir tout le monde. La solution n’a pas plu partout, mais ceux qui ont vu le spectacle sont tombés sous le charme et devant son punch.
Les premières lumières découvrent un grand personnage sans tête, une boîte sur la poitrine qui contient une tête vivante. Cette image d’autorité paternelle capricieuse pèse sur l’histoire d’une main partie comme Ulysse pour un voyage d’aventures et de découverte.
L’impact vient de l’ingéniosité du texte et des effets visuels. Les personnages sont sommaires : une petite tête sur le doigt majeur, un bout de tissu sur la main – que doit même enlever le héros devant un médecin. Ce condensé crée une distance qui – c’est le rôle du théâtre – jette une lumière sur la nature humaine, forte, fragile, parfois risible. Le spectacle finit sur une réconciliation, lorsque deux mains osent s’enlacer, sous le regard du père.            L'Union


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