05/06/2008

Novarina : les aventuriers de l’intime


Déjà au téléphone, la personne qui prend les réservations pour « L’avant-dernier des hommes » est précautionneuse. « Vous connaissez l’auteur Novarina ? » Le texte sera expérimental : « un fleuve de mots ».
Ceux qui apprécient le réalisateur Marc Douillet et son complice comédien Jean-Louis Wacquiez se doutent bien qu’il ne s’agira pas d’une pantalonnade avec dénouement poilant au troisième acte. Ils veulent plutôt « ouvrir un espace poétique ».
Sur la scène de Beauregard, un homme manie et interroge des modèles d’objets, des cailloux, des bouts de bois. Le musicien Philippe Leroy commente et accompagne. C’est tout. Pas d’histoire, des phrases bizarres jusqu’à l’opacité. Au lieu de jouer un personnage, Wacquiez laisse son corps devenir le « point focal » défini par l’auteur. Son jeu transparent et la mise en scène nerveuse rendent le spectacle facile à regarder. Mais à comprendre ?
En fait, il ne faut ni se casser la tête pour suivre, ni se croire à un concert et jouir de la musique sans s’occuper du lien logique entre les notes. Il s’agit de se laisser entraîner dans les sables mouvants entre la raison et la sensibilité, là où les forces invisibles de chacun montent à la surface. Avec tous les autres éléments du spectacle, c’est cela qui peut donner naissance, selon Douillet, à une œuvre d’art. La pièce de Valère Novarina est un spectacle pour les aventuriers de l’intime.
L’Union

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