25/07/2008

L’étape soissonnaise des sœurs irlandaises

L'Irlande a une longue tradition d'exil. Ses peuples l'ont quittée, affamés, sans travail ou, comme James Joyce, écrasés par ses pesanteurs religieuses. Au Nord de l’île s’y ajoutent le malaise et les menaces nés du long conflit entre les communautés catholique et protestante.
C’est ainsi que deux des trois sœurs d’une même famille sont parties de Belfast dans les années soixante. Valérie Way habite Vancouver, sur la côte pacifique du Canada, et Hilary Beggs s’est installée en Angleterre, près du Pays de Galles. Après une visite chez leur sœur restée en Irlande, elles passent quelques jours ensemble chez un cousin dans la vallée de la Crise. Ce n’est pas la première fois. Qu’est-ce qui les attire ? « Nous aimons voir vivre les gens, ne pas fréquenter seulement d’autres touristes. » En effet, les efforts récents pour développer le tourisme n’ont pas encore attiré les foules dans le Soissonnais.
Parmi de longues promenades dans les chemins creux qui partent de la Crise, Valérie et Hilary ont suivi le « sentier d’art » à Nampteuil sous Muret, où des artistes ont installé leurs œuvres d’art éphémères – certaines retournent déjà dans la nature !
A Soissons, elles ont visité la cathédrale remplie de lumière, et le marché, qu’elles apprécient pour son animation. Ce sont deux valeurs sûres de la ville pour les visiteurs.
Un défilé villageois d’archers les enchante par son naturel : il ne s’agit pas de spectacle pour les touristes.
Ce sont des voyageuses tenaces. Après cette pause familiale dans les champs et bois, elles passeront par Paris, et Valérie partira randonner dans le Midi. Rentrée au Canada, elle ira camper avec son conjoint le long de la côte. Hilary retourne chez elle, mais s’en ira bientôt en Australie, y revoir deux de ses fils.
Rentreront-elles un jour en Irlande ? Elles donnent la même réponse négative. D’abord il y a les petits enfants. « Et puis l’Irlande du Nord reste trop divisée, les uns ont peur d’aller dans les quartiers des autres. » Les vieux démons du sectarisme ont pu être calmés, mais ils n’ont pas été chassés. Valérie et Hilary, même conscientes de s’être arrachées à leurs racines, se sentent davantage chez elles dans le grand monde que sur l’île où elles sont nées.
L’Union

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