11/08/2008

Des Anglais à l’heure du thé

Comme pour confirmer l'idée des Anglais que se font les Français, à 16 heures Carolyn et Michael Thomasson boivent le thé au camping municipal. Hélas, ils n'ont que deux tasses et ne peuvent pas en offrir. S'asseoir ? Il n'y a que deux chaises. Michael s'en va chercher une troisième. Ils sont accueillants, mais voyagent en couple, c'est tout.
    Après les Ardennes belges et l'Allemagne, ils sont arrivés ici. Pourquoi Soissons ? « C'était totalement fortuit » explique Michael. « Nous cherchions une escale à la bonne distance de la Manche. » Ils sont enchantés du résultat, des charmes inattendus de Soissons, ont lu le dépliant « Flâneries » et flânés consciencieusement selon ses indications.
    Ils habitent le Nottinghamshire, mais Carolyn garde l'accent de son Yorkshire natal, alors que Michael est né au Pays de Galles - et l'a quitté à trois semaines. Pour rencontrer Carolyn, divorcée avec deux enfants, il avait répondu à sa petite annonce dans un journal « La première fois on est allé au théâtre voir «La solitude du coureur de fond». Ils sourient de l'à-propos du titre pour des chercheurs d'amour. « Après on est allé boire un verre - et le patron a dû nous mettre dehors à la fermeture. » Ils se marient.
    A la retraite, Carolyn devient « lay magistrate », sorte de juge honoraire, secondée par un conseiller juridique mais qui décide de l'innocence ou de la culpabilité des prévenus. Elle y voit une responsabilité qui lui apporte beaucoup. « Il faut penser que chacun n'a pas la même vie que moi, essayer de comprendre. »
   Et Michael ? Il a fini sa carrière dans le service des droits de succession. Avant ? « J'ai beaucoup traîné. » Il admet avoir vécu dans l'inabouti depuis l'école, n'avoir « jamais fait deux fois la même chose. Imaginez : j'ai même essayé de vendre des encyclopédies aux militaires américains en Allemagne. » A quarante ans, pourtant, il s'inscrit à la fac en sciences politiques. S'être rangé ne lui a pas ôté sa nonchalance attachante ni son élégance de parole, ni sa curiosité pour tout, l'actualité, la France. L'impression est celle d'un couple bien équilibré, entre la magistrate et le désinvolte. Michael et Carolyn répètent leur plaisir d'avoir trouvé Soissons par le hasard de la carte routière. « Nous reviendrons.»
L’Union

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