20/11/2008

Véronique Duval : l’arc, la flèche, la cible en harmonie

Le sage indien Zaraha, voyant une factrice de flèches bander son arc et viser, absorbée par le geste, y voyait un exemple de la méditation pure. Véronique Duval, capitaine de la Compagnie d’arc de Chacrise, pense comme lui. « Il faut une concentration telle que, si quelqu’un parle derrière vous, vous n’entendrez rien. »
Véronique Duval entourée des archers de Chacrise.
Nous parlons dans le local des archers du village, plein du matériel de tir et des panneaux de fleurs en papier qui servent aux traditionnels défilés. Les jeunes de la compagnie s’entraînent dehors. Les yeux dans les yeux comme quelqu’un qui vise toujours droit, elle raconte son parcours.
Après trois mois à Cramaille, elle arrive bébé à Chacrise, où son père travaille à la ferme. Elle suit le circuit scolaire des élèves de l’époque : Chacrise, Maast, Ambrief, puis retour à Chacrise pour le CM.
Après deux ans de collège, Véronique va à l’école de couture de Fère en Tardenois. A partir de 1981 elle occupe une série de postes, dont lingère à l’hôpital et gouvernante jusqu’à dans la Marne. Pour une jeune femme de la campagne c’est une série de défis. « Rien que prendre le Métro… » Devenue assistante maternelle, elle s’occupe d’enfants du voisinage. Après le mariage en 1986 elle a une fille et un fils (devenus archers chevronnés tous deux). Ne trouvant plus d’enfants à garder, elle se met à faire des ménages chez des personnes âgées. Elle n’y voit pas un courage particulier : « Il faut bien. »
Petite fille elle suit déjà son père en faisant du tir à l’arc. Quel en est l’attrait ? « D’abord, c’est une grande famille. » En effet, il y a des échanges constants entre les compagnies – dont, de toute la France, il y a la plus grande concentration en Picardie. « Ensuite, il y a la maîtrise de soi, en harmonie avec l’arc, la flèche et la cible. »
Véronique énumère, sans vanité mais avec satisfaction, ses succès. Trois fois la célèbre fleur cantonale et, surtout, le vice-championnat de France en 1984. Inhabituellement pour une femme, elle va jusqu’à la finale du Roi de France en 2002.
Une opération sur les mains l’éloigne depuis un temps du tir à l’arc. Elle reprendra progressivement, avec un arc plus léger. Tirant ou non, Véronique garde une capacité à parler droit, à ne rien éluder, qui suppose une concentration rodée par ce sport. Ou est-ce plutôt cette capacité qui fait d’elle un archer exceptionnel ?
L’Union

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