05/12/2008

Emmanuel Mousset : sur le chemin de la lumière

La rencontre a lieu à Beauregard, château tel qu’a pu le rêver un bourgeois du 19e siècle. C’est le cadre des activités de la Fédération des œuvres laïques de l’Aisne, que préside Emmanuel Mousset. Professeur de philosophie à St Quentin, il vient à Soissons pour la FOL et pour animer le Café philo.
C’est un interlocuteur généreux. Il n’évite aucune question, cherche à être clair, logique, tout en restant maître de l’entretien et de lui-même.
Il naît dans le Berry, mais fait sa scolarité dans des lieux où son asthme peut être soigné. Elève brillant ? Il s’en sort, mais après un an de faculté – la très alternative Vincennes – il laisse tomber par manque de fonds. Il s’essaie à plusieurs métiers, pense devenir facteur : « J’ai passé le concours ; je l’ai raté. » En 1986 il trouve un poste de surveillant de nuit à La Villette à Paris, et tout d’un coup se met à lire voracement. « J’ai aussi été frappé par les « nouveaux philosophes », si jeunes, si beaux. » Il reprend ses études et, la trentaine passée, devient professeur.
En 1994 il est nommé à St Quentin, et s’y installe en 1998. Il agit dans « Rencontre citoy’Aisne », association organisatrice de cafés philo. Il milite dans les milieux socialistes. « J’aime la vie publique. » Il reste dans les coulisses mais admet, réaliste, que s’il était plus grand, plus photogénique, il en imposerait plus. « Je ne cherche pas « la place » politique, mais j’ai une petite douleur. » Il tient un blog éloquent sur l’école publique *.
Emmanuel Mousset est combatif. Dans la boxe il serait, non pas un de ces poids-lourds qui se pètent l’arcade, mais un poids-coq, agile, rusé, honnête, voulant gagner mais prêt à perdre sans amertume.
Une créature de pure logique et d’argument, alors ? Il est préoccupé aussi par la religion. « Je suis profondément laïc, mais j’ai un désir d’absolu et d’éternité. » Après le bouddhisme, l’orthodoxie le travaille à présent.
Est-il philosophe ? « Non. Un philosophe a une pensée, un système, alors que moi – encore que j’aie quelques idées… » La modestie chez Emmanuel n’est jamais fausse.
Au Café philo, il questionne systématiquement les remarques – « Oui, mais… » – en poussant à la réflexion plus qu’à trouver à tout prix la réponse à la question mensuelle. Après tout, la philosophie vise moins l’éblouissement de la vérité qu’à avancer résolument sur le chemin de sa lumière.
L’Union

* profstory.blogspot.com

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