03/12/2008

La priorité des besoins : « Les combustibles » au Mail


Le dilemme est simple. Dans une ville assiégée en hiver, trois personnes frigorifiées doivent choisir : grelotter insupportablement, ou brûler le seul combustible qui reste, les livres – et lesquels ? L’occasion d’un débat passionnant sur la culture ou le confort, et la valeur des auteurs ? Se réchauffer avec Homère ou Le Clézio, Tagore ou Baudelaire, Mary Higgins Clark ou Shakespeare ?
Mais s’agissant d’Amélie Nothomb, et de sa pièce « Les combustibles », cet affrontement culturel convenu ne pouvait qu’être dévié. Le sarcasme prédomine. Il faut comparer des auteurs fictifs : Kleinbettingen ou Sterpenich. Du coup, la discussion sur « la priorité des besoins » devient burlesque. Le vieux professeur, aux prises avec son assistant et une étudiante, révèle son goût pour des œuvres dénoncées dans ses cours. Le dernier à s’embraser sera un roman de gare.
Michel Boy, déjà venu à Soissons pour « Voies off », impose sa présence ferme mais sans emphase ; Julie Turin est la frileuse se démenant comme une diablesse pour avoir chaud près du four ou d’un autre corps ; Grégory Gereboo montre une raideur juste, qu’il relâche une fois les projecteurs éteints.
La scénographie joue avec éclat un quatrième rôle. Un mur de livres empilés, tomes universitaires sur polars, poésie entre histoire et anthropologie, disparaît pan par pan. Gelés à nouveau, et dépourvus de ce qui justifiait leur vie, le trio se suicide. Il suffit de se promener sur la Grande place, et un franc-tireur fera le reste.
La salle n’était pas pleine. Jean-Marie Chevallier, délégué à la culture, trouve pourtant le nombre de spectateurs acceptable pour ce petit spectacle, loin du théâtre « moliérisé » qui attire les foules. Une plus petite salle alors ? Des travaux sont en cours au sous-sol.
L’Union

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