14/01/2009

De salon en antichambre


Au faîte de sa gloire, l’actrice Margot Channing accueille auprès d’elle sa jeune admiratrice Eve, qui se met sournoisement à prendre la place de la star, jusqu’à lui voler son soupirant.
C’est l’intrigue du film « Eve » de J.L. Mankiewicz. « L’antichambre » de Jean-Claude Brisville utilise des personnages historiques – c’est son habitude ! – en habits du XVIIIe siècle, avec toutes les résonances du siècle des Lumières, et du combat autour de l’Encyclopédie, pour illustrer la même dynamique.
Marie du Deffand, reine incontestée du salon le plus prestigieux de Paris, invite la pauvre Julie de Lespinasse à devenir sa lectrice. Sous des airs innocents la jeune femme œuvre à réduire le salon de sa protectrice en antichambre, lieu d’attente pour entrer dans la lumière brillante de son propre salon, là ou les Encyclopédistes triompheront. Le Président Hénault, admirateur de l’ancienne, tombe sous le charme de la nouvelle.
 Avec ses dialogues étincelants, la mise en scène efficace, et la finesse de jeu des acteurs – Danièle Lebrun joue superbement sa partition - , tout est fait pour que les spectateurs se sentent eux-mêmes pleins d’esprit et d’intelligence, familiers des courants de pensée de l’époque. L’objectif n’est pas d’émouvoir, encore moins de troubler les esprits, ce que visent d’autres spectacles de cette saison. On sort de cette antichambre sans le sentiment, enivrant ou préoccupant, que la vie dehors ne sera jamais tout à fait la même.
L’Union

Sarah Biasini (Julie de l’Espinasse) et Max Dumas (Président Hénault) reflétés dans une glace de scène.

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