08/01/2009

Philippe Chatton apprend à jouer

« C’est comme ça » : Philippe Chatton le dit avec une résignation sans fond. Le ton vire au comminatoire, comme s’il grondait un enfant : « C’est comme ça ! » Enfin il hausse les épaules, en lâchant « C’est comme ça. »
Ce n’est pas qu’il change d’humeur comme il changerait de chaussettes. Il cite simplement une des phrases que travaillent les élèves dans son atelier de théâtre au collège Saint-Just cette année.
Nous parlons dans la fraîcheur d’hiver du théâtre aménagé en 2002 dans un local vide de l’établissement. Quelques gradins d’un coté, un grand plateau de l’autre
Philippe parle d’abord avec réserve, mais s’enthousiasme vite au sujet du théâtre, saisissant l’occasion pour faire avancer la cause. Physiquement il est à l’aise, peut-être parce qu’il est aussi professeur de sport, et a été acteur.
Il raconte volontiers les événements qui l’ont marqué et fait tel qu’il est, depuis sa naissance en Lorraine et jusqu’à l’arrivée à Soissons, son caractère, sa passion pour la nature. Mais il juge que seul compte ici son engagement pour le théâtre, et comment il le vit. « Dites que j’ai eu un parcours atypique d’enseignant, c’est tout. » Ses priorités sont claires.
Il parle avec éloquence des bienfaits du théâtre pour les enfants, parfois ceux qui ont des problèmes en classe. « C’est une autre façon d’appréhender la vie. » Le théâtre doit apprendre non pas à « paraître », mais à grandir.
Un club de théâtre alors ? « Non, c’est un atelier, un projet artistique et éducatif officiel de l’Education nationale. » Une comédienne professionnelle de « l’Echappée » vient régulièrement animer des séances.
Le thème pour cette année est « Histoires de famille ». S’agirait-il pour les jeunes comédiens de dévoiler sans retenue leurs problèmes familiaux ? « Non, ce serait du psychodrame, non pas du théâtre. » Il cite Brecht sur la nécessité d’une distance entre l’acteur et son émotion. « Il doit y avoir toujours chez l’acteur un petit œil qui regarde. » La scène est « un espace de fiction », où l’on joue « des histoires qui ne vous ressemblent pas. » Mais avec rigueur :« Il faut un engagement complet, émotionnel et physique, pour créer l’événement théâtral. »
Y aura-t-il un spectacle en fin d’année ? « Disons plutôt la représentation d’un travail. »
Alors, plutôt professeur d’EPS, ou animateur d’atelier de théâtre ? Dans les deux cas, après tout, il faut apprendre aux élèves à vivre ensemble, en jouant.
L’Union

1 commentaire:

  1. contente de ton parcours philippe mais pas surprise ton ancien collegue regineee

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