11/02/2009

Un éblouissement biblique


La plupart des expositions font découvrir des nouveautés. Mais parfois elles dirigent un projecteur sur ce qui paraît si familier que notre attention est émoussée. C’est la fonction de « Bible(s) » à la Bibliothèque municipale. Anne-Marie Natanson, conservateur, a sorti du fonds ancien des bibles, manuscrites et imprimées, des traductions, des gloses et des commentaires. « On montre comment la Bible a été diffusée » dit-elle. La trajectoire mène des paraphrases du Moyen âge à la remise en question par la Réforme et à l’austère regard janséniste.
C’est un éblouissement. Il y a des imprimés, dont les plus anciens font tout pour s’assimiler à un manuscrit. Mais, surtout, devant de vrais manuscrits le visiteur se trouve à quelques siècles et à quelques centimètres de la concentration et du recueillement du scribe, qui alignait les caractères gothiques pendant des années, puis libérait sa fantaisie dans les enluminures. Dieu, des végétations luxuriantes, d’étranges créatures, des saints se côtoient en miniature, au point que, de plus loin, l’œil pourrait glisser sur elles en n’y voyant que de jolis motifs colorés.
Autour des vitrines, l’association Bible en Soissonnais a réalisé des panneaux qui racontent les origines et le contenu de la Bible, en privilégiant le livre d’Exode, source de tant d’épisodes fondateurs de l’aventure monothéiste. Ces éléments, fruit d’un travail collectif mené depuis dix ans, sont proposés aux collèges et lycées comme support pédagogique. Ce sont lès pièces du puzzle dont l’assemblage exaltant est au cœur de l’exposition.
Les organisateurs soulignent l’absence de tout prosélytisme. Jean-Marie Chevallier, élu délégué à la culture, admet avoir vérifié cet aspect. Pour l’association, la Bible est un patrimoine de l’humanité, comme les cathédrales gothiques. Tout le monde peut y entrer et s’en émerveiller, alors que les croyants y trouvent un supplément d’âme.
« Notez que je ne sors ces ouvrages du local climatisé que tous les dix ans » rappelle Anne-Marie Natanson. L’exposition est ouverte jusqu’au 27 février. Il reste donc le mois le plus court de l’année pour décaper le regard qu’on peut avoir sur la Bible.
L’Union

La Bible de Braine, traduite du latin de Pierre Comestor, un des trésors du fonds ancien de la bibliothèque de Soissons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.