07/04/2009

Le public prend ses distances au Mail


Si le public venu voir « L’opéra des quat’sous », rajeuni par la présence des élèves participant aux Journées départementales du théâtre, n’a pas saisi la notion de « distanciation » après ce spectacle, c’est qu’il ne la comprendra jamais. La mise en scène insiste en effet sur l’approche de Bertolt Brecht, dans laquelle le théâtre ne doit pas encourager une identification avec les personnages sur scène mais, au contraire, rappeler la distance entre le comédien et ce qu’il joue. L’acteur n’est pas son personnage, il l’illustre. La mise en scène ne reproduit pas la réalité, elle aide à la décortiquer. Le public n’est pas simple récepteur d’images, il est entraîné dans une dialectique. Ce théâtre est politique.
Les six acteurs-chanteurs imposent puissamment leur présence, mais s’effacent aussi pour manier des marionnettes-carcasses, conçues dans le style des expressionnistes allemands. Cela dédouble la distance – encore elle ! – entre scène et salle.
Sur une partition de Kurt Weill, « la musique la plus merveilleusement insultante que j’ai jamais entendue » selon le critique Walter Kerr, on raconte la vendetta entre Peachum, formateur en mendicité, et le fripon séduisant Mackie. Peu recommandables, l’un et l’autre, et qu’utilise Brecht pour narguer le monde bourgeois : quel est le malfrat, demande-t-il, celui qui fonde ou celui qui vole une banque ? A bon entendeur d’actualité, salut !
L’Union

















Mackie, homme et marionnette, se préparent tous deux à être pendus.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.