Comme d’habitude, pourrait-on dire, l’enchanteur Gilbert Ponté insuffle la
vie à tout un monde. « Giacomo » raconte son départ avec ses parents
de l’Italie pour participer aux « Trente glorieuses » » en
France. Il campe tous les personnages, donne toutes les répliques, joue toutes
les situations.
Il est moqueur, mais cela ne l’empêche pas d’être tendre avec ces
personnes. Pour chacun, il saisit la faiblesse fondatrice et, en quelque sorte,
la met en italique jusqu’au paroxysme. Chez Giacomo c’est sa naïveté, sa façon
de vivre d’étonnement en étonnement. C’est autant vrai pour les matamores. Qui
est plus vulnérable que le vociférant Rocco, convaincu que sa femme est une
traînée, juste parce qu’elle se promène partout en nuisette courte ?
Les racines du comique selon Ponté plongent dans la tristesse. Les rires
qu’il suscite en sont enrichis, car ils contiennent aussi un élément de tendresse.
La pièce finit sur un constat terrible. La génération des parents nourrit
l’idée de rentrer fortunée au pays, mais leurs enfants sont français. Le copain
Jesus annonce comme une catastrophe la décision familiale de rentrer en Espagne.
L’exil a changé de pays pour lui.
Gilbert Ponté tient un deuxième volume, « Giacomo et Monsieur
Molière ». Suffit-il de le réclamer pour VO 2010 ?
L’Union
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