La
complexité de la polyphonie ne rebute pas, elle fouette. C'est comme si cinq
récitals individuels n'étaient réunis que par la magie de la coïncidence.
S'envole au-dessus des autres la voix étonnante du contre-ténor Dominique
Visse, à la fois haut placée et ancrée dans son corps d'homme. La jouissance
atteint un sommet avec la réplique de chants d'oiseaux. Le public réagit alors
avec une chaleur inversement proportionnelle à la température de la salle.
14/11/2009
La Renaissance se gausse
Une
soirée de chant polyphonique de la Renaissance. Pour les musicologues, plutôt
que le tout-venant des mélomanes ? Dans la chapelle Saint Charles, froide
comme… une chapelle en novembre, une table est dressée, recouverte d'un drap
gris et couvert de papiers, comme pour une soutenance de thèse. Encore plus
rebutant. Le jury prend place, et le ton vire aussitôt au joyeux. Car les
membres de l'ensemble Clément Janequin, pas austères pour deux sous, partagent
des sourires déjà complices avec le public, ne seront jamais loin de se gausser
de plaisir.Tout reste de solennité fait pschitttt ! quand ils ouvrent la
bouche. Les œuvres de Janequin et d'autres compositeurs du 16e, qui chantent
l'humour, l'amour, la nature, sont souvent taquines à l'égard des femmes : «
Ton cul servira de trompette, et ton devant fera la fête. »
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