14/11/2009

La Renaissance se gausse

Une soirée de chant polyphonique de la Renaissance. Pour les musicologues, plutôt que le tout-venant des mélomanes ? Dans la chapelle Saint Charles, froide comme… une chapelle en novembre, une table est dressée, recouverte d'un drap gris et couvert de papiers, comme pour une soutenance de thèse. Encore plus rebutant. Le jury prend place, et le ton vire aussitôt au joyeux. Car les membres de l'ensemble Clément Janequin, pas austères pour deux sous, partagent des sourires déjà complices avec le public, ne seront jamais loin de se gausser de plaisir.Tout reste de solennité fait pschitttt ! quand ils ouvrent la bouche. Les œuvres de Janequin et d'autres compositeurs du 16e, qui chantent l'humour, l'amour, la nature, sont souvent taquines à l'égard des femmes : « Ton cul servira de trompette, et ton devant fera la fête. »
La complexité de la polyphonie ne rebute pas, elle fouette. C'est comme si cinq récitals individuels n'étaient réunis que par la magie de la coïncidence. S'envole au-dessus des autres la voix étonnante du contre-ténor Dominique Visse, à la fois haut placée et ancrée dans son corps d'homme. La jouissance atteint un sommet avec la réplique de chants d'oiseaux. Le public réagit alors avec une chaleur inversement proportionnelle à la température de la salle.
 L'Union









A gauche Eric Bellocq au luth, Renaud Delaigue, Dominique Visse, Hugues Primard, Vincent Bouchot, François Fauché.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Les commentaires seront vus avant d'être affichés.